La générosité des Français mise à mal par l’inflation

La générosité des Français mise à mal par l’inflation
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La part des Français ayant effectué au moins un don à une œuvre caritative a légèrement progressé l'année dernière, rapporte une enquête Ipsos/Apprentis d'Auteuil. Mais un retournement de tendance est à craindre cette année.

La générosité des Français mise à mal par l’inflation
Crédit photo © iStock

Un sondage Ipsos/Apprentis d’Auteuil sur les dons aux fondations et associations rapporte que la moitié des Français ont réalisé au moins un don l’année dernière, une tendance en légère hausse par rapport aux deux années précédentes.

Le montant moyen de ces dons, de 333€ par personne, a aussi nettement progressé, en hausse de 2% par rapport à 2021 – même s’il est resté encore inférieur à son niveau de 2020, où dans le contexte de la crise sanitaire, il avait atteint 395€.

Deux bonnes nouvelles a priori pour les acteurs de la solidarité. Mais malheureusement, ces constats n’augurent pas une année 2023 au beau fixe…

Solidarité avec l'Ukraine : une mobilisation massive

Avec la poursuite de la crise du pouvoir d’achat, il sera difficile pour beaucoup de donateurs de maintenir ou d’augmenter le montant de leurs dons. D’autant que la progression du montant moyen constaté en 2022 repose en partie sur un trompe-l’œil : cette hausse été très liée à la guerre en Ukraine, rapporte la fondation Apprentis d’Auteuil, et plutôt au détriment des autres "causes".

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A la fin du mois de mars l’année dernière, déjà 17% des Français avaient déjà effectué un don en faveur de l’Ukraine, et 29% prévoyaient d’en réaliser un dans l’année. Une mobilisation rapide, et importante, de la part des Français, qui n’a malheureusement pas profité ux associations « non urgentistes » : « Du côté de notre fondation, en parallèle, nous avons ressenti un affaissement des dons à partir du printemps, que nous ne sommes pas parvenus à combler au cours du reste de l’année », observe ainsi Stéphane Dauge, directeur de la communication et de la collecte de fonds d’Apprentis d’Auteuil.

Séisme en Turquie

Pour 2023, la part des Français ayant l’intention de réaliser un ou plusieurs dons reste stable : et de fait, ils ont continué de se mobiliser pour des situations d’urgence ces derniers mois, comme pour le séisme qui a frappé dramatiquement la Turquie et la Syrie. Un Français sur dix déclare avoir déjà effectué un don en soutien des victimes de ce drame. Toutefois, comme le secteur associatif l’a observé l’an passé avec la guerre en Ukraine, cette mobilisation ne sera pas non plus sans conséquence sur le niveau de générosité des Français pour les autres causes.

Plus de la moitié de ceux qui ont fait ou prévoient de faire un don pour soutenir les victimes du séisme (51%) prévoit de donner moins que d’habitude pour les autres causes en 2023. Ainsi, alors qu’ils comptaient soutenir 2,4 causes en 2022 (et même 2,7 en 2021), les donateurs ne prévoient de ne donner qu’à 2,1 causes en 2023.

Près de quatre personnes sur dix prévoient de donner moins cette année

Le montant moyen des dons est aussi attendu à la baisse : c’est la première fois que la part de ceux ayant l’intention de donner moins (39%) est supérieure à celle prévoyant de donner plus (22%). Et même si parmi les hauts-revenus*, une minorité (15%) devrait réduire le montant de ses dons cette année, cette catégorie de donateurs a prévu en moyenne de soutenir trois causes cette année, contre 3,6 l’an passé.

Cette inversion de tendance générale inquiète la fondation Apprentis d’Auteuil alors même que dans le contexte économique actuel, les personnes fragiles ont des besoins accrus de solidarité, et les structures sont confrontées à de fortes hausses de coûts.

En matière de solidarité, la hiérarchie des causes pour lesquelles les Français ne connaît pas de grand changement : la santé et la recherche médicale restent en tête (38%, -5 points), suivies de l’aide aux plus démunis (32%, -7 points), devant la défense des animaux (25%, +4 points), les situations d’urgence (catastrophes, conflits…) (22%, -11 points), puis l’enfance, la jeunesse et l’éducation (20%, -2 points).

*Personnes dont les revenus nets annuels du foyer sont supérieurs à 120.000€

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