La cagnotte Covid se dégonfle très lentement

La cagnotte Covid se dégonfle très lentement
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Les économistes de BPCE estiment que le taux d’épargne devrait se tasser à 19,2% du revenu disponible en 2021 après le niveau record de 21,3% en 2020 et à comparer à 14,9% en 2019.

La cagnotte Covid se dégonfle très lentement
Crédit photo © Reuters

Après le choc de la crise sanitaire de l’année 2020, comment évoluent les comportements d’épargne des Français ? D’une épargne forcée pendant le premier confinement à une épargne renforcée lors du deuxième confinement est apparue une « épargne renforcée de précaution », nuance le groupe bancaire BPCE. Le dernier baromètre réalisé par BPCE en février montre en effet que 43% des Français pensent toujours ne pas disposer d’une épargne de précaution suffisante pour faire face à la crise. Près de 40% des ménages estiment pourtant toujours qu’ils dépensent moins qu’avant. Globalement, d’après cette enquête, 89% des Français essaient de mettre de l’argent de côté, dont 47% régulièrement, ce qui traduit bien la persistance d’un comportement d’épargne renforcée de précaution.

Toujours une forte sensibilité à l’épargne

Alors que le surplus d’épargne des Français était calculé à 110 milliards d’euros par la Banque de France en 2020 et est estimé à 55 milliards supplémentaires pour 2021, les économistes de BPCE évaluent à environ 96 milliards d’euros le surplus de placements financiers accumulés en 2020 par rapport à la moyenne des années 2018 et 2019.

Ces placements restent massivement orientés vers la sécurité et la liquidité même si les économistes de BPCE estiment que les dépôts à vue, réceptacle en attente d’utilisation, devraient diminuer cette année autour de 58 milliards d’euros contre 74 milliards en 2020. Ces dépôts à vue se déplaceraient davantage vers un autre support très liquide et sûr : les livrets réglementés (Livret A et LDDS) et bancaires. Environ 25 milliards devraient ainsi garnir le montant déjà record logé sur les Livrets A.

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Le CAC40 au plus haut depuis plus de 20 ans

L’enquête de BPCE montre d’ailleurs une certaine prise de conscience des Français d’avoir trop de liquidités inutilisées avec l’intention de placer cet argent plutôt que de le dépenser. L’assurance vie retrouverait cette année une collecte positive d’environ 8 milliards (-6,5 milliards en 2020) pendant que les placements boursiers diminueraient, « conséquence de comportements opportunistes moins importants qu’en 2020 compte tenu de la forte remontée des marchés », souligne le directeur des études économiques du groupe BPCE, Alain Tourdjman. On peut d'ailleurs ajouter que le CAC40 vient de retrouver son niveau le plus haut depuis plus de 20 ans...

Au total, BPCE estime que les placements financiers des ménages représenteraient encore 126 milliards d’euros cette année, à comparer à environ 150 milliards en 2020. Pour bien mesurer la hauteur de ces chiffres, il faut rappeler que la moyenne des années 2018 et 2019 était de seulement 59 milliards.

Des taux d’épargne record

Au niveau du taux d’épargne, les économistes de BPCE estiment qu'il devrait se tasser à 19,2% du revenu disponible en 2021 après le niveau record de 21,3% en 2020 et à comparer à 14,9% en 2019. Cela suppose une atténuation de la sur-épargne sur la deuxième partie de l’année, du moins si la levée de l’incertitude sanitaire se confirme et que la campagne de vaccination n’est pas contrariée par l’apparition de nouveau variants…

Eric Buffandeau, directeur adjoint des études du groupe BPCE, évoque un phénomène d’inertie après un niveau aussi élevé d’épargne : « il ne peut pas redescendre rapidement après un tel choc et se heurte à un dilemme entre un effet richesse lié l’accumulation de liquidités et la poursuite de la crise sanitaire avec la montée du chômage, principale source d’inquiétude des ménages », explique-t-il.

Livret H ?

Même si le retour de la confiance reste le meilleur moyen de voir cette cagnotte Covid se dégonfler, son utilisation reste au cœur des débats et incite logiquement le gouvernement à réfléchir à des mesures pour inciter les Français à l’utiliser. Pour Vincent Cudkowicz, Directeur Général de bienprévoir.fr et Primaliance, une partie de cette épargne pourrait servir à reconstruire notre offre de santé et à financer la croissance du nombre de lits d’hôpitaux manquants.

Et puisque les Français adorent les livrets, Vincent Cudkowicz propose un livret H (H pour Hôpital) qui financerait le système de santé à la manière du Livret A dont l’objet d’origine était le financement du logement social. « Un Livret H offrant des rendements sensiblement plus attractifs que le Livret A remporterait assurément un grand succès. Cela répondrait notamment à un besoin sociétal majeur et inédit depuis l’après-guerre, tout en satisfaisant une attente des épargnants qui cherchent à donner un sens, une utilité à leurs placements financiers », analyse-t-il.

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