L'accompagnement et le conseil financier des agences bancaires françaises s'améliorent

L'accompagnement et le conseil financier des agences bancaires françaises s'améliorent

La dernière campagne de visites mystère conduite par l'AMF en agences bancaires montre que la qualité de l'accompagnement financier des particuliers s'est améliorée. Mais des écueils majeurs demeurent.

L'accompagnement et le conseil financier des agences bancaires françaises s'améliorent
Crédit photo © iStock

L’accompagnement et le conseil financier délivrés par les banques auprès des épargnants se sont améliorés depuis 2018, mais des manquements persistent, notamment en matière d’information relative aux frais et aux risques des placements financiers : ce sont les conclusions tirées par l’Autorité des marchés financier à l’issue d’une nouvelle campagne de visites mystères menées de juin à octobre 2022 au sein des onze grands réseaux bancaires.

Pour évaluer la qualité du conseil et la nature des produits commercialisés par les banques françaises, plus d’une centaine de rendez-vous ont été conduits par l’AMF auprès d’agences de ces établissements, avec deux types de profils de clientèle – le premier "risquophobe", et le second "risquophile", avec des revenus et un patrimoine plus élevé.

Le visiteur mystère était un particulier à la recherche d’un conseil en investissement à la suite d’une donation de 50.000 euros, avec pour objectif de valoriser son épargne sur les dix ans à venir, et devant essentiellement servir à préparer sa retraite.

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Recueil d'informations : une obligation légale

Avant de délivrer leurs conseils et d’orienter les épargnants vers des placements financiers, les conseillers bancaires et financiers ont l’obligation légale de recueillir des informations sur leur expérience, leur connaissance des produits financiers, leur situation financière, « y compris leur capacité à subir des pertes », leurs objectifs d’investissement « y compris leur tolérance au risque », et depuis plus récemment, août 2022, ses préférences en matière de durabilité. Des informations qui sont notamment recueillies par le biais de questionnaires.

A l’issue de ses rendez-vous mystères, l’AMF note que dans son ensemble, le recueil de ces informations a été « de qualité », « avec un conseiller à l’écoute », et que par rapport à la dernière enquête réalisée en 2018, l’analyse de la situation financière a été plus approfondie. En revanche, le point sur l’expérience et les connaissances financières est « trop peu fréquent ». « Près de la moitié des conseillers ont demandé aux prospects d’évaluer eux-mêmes leurs connaissances, ce qui n’est pas acceptable », pointe l’autorité.

L'assurance-vie et la pierre, principaux placements promus par les banques

En matière de produits financiers présentés, les solutions majoritairement recommandées ont été l’assurance vie (deux tiers des cas), avec, le plus souvent, une proposition de répartition entre fonds en euros et unités de compte. Les comptes-titres et les PEA ont été proposés dans un peu moins d’un cas sur deux, et le PER dans trois cas sur dix. Au niveau des supports d’investissement, les conseillers ont d’abord mis en avant les investissements immobiliers, quasi-intégralement sous forme de SCPI, « à peu près autant aux risquophobes qu’aux risquophiles ».

Dans un contexte de forte correction des marchés l’année dernière – en particulier au 1er semestre - les fonds d’actions ont été nettement moins promus qu’en 2018 (le nombre de propositions aux visiteurs risquophiles sont tombées de 30% en 2018 à 10% en 2022). Autre fait notoire : les ETF et les fonds de capital investissement (private equity) n’ont quasiment jamais été proposés, tandis que les propositions de fonds "ISR" n’ont concerné que 5% des visites mystères.

Moins d'un conseiller sur deux aborde la question des frais

Principal écueil relevé par cette campagne : les frais. Ces derniers n’ont été présentés que dans la moitié des rendez-vous, et un peu plus fréquemment (six cas sur dix) pour ceux relatifs aux PER, comptes-titres ou PEA. Lorsqu’ils ont été présentés, « la terminologie employée est apparue claire et compréhensible aux visiteurs mystères ».

Mais tous les types de frais n’ont pas été présentés de la même façon : les frais d’entrée ont été plus fréquemment abordés que les frais annuels et que les frais de sortie (ces derniers n’ont été évoqués que dans 11% à 12% des rendez-vous). Enfin, dans deux cas sur trois, aucun document n’a été remis concernant ces éléments.

Et dans un cas sur dix seulement, un rapport d’adéquation a été remis à l’issue de ce rendez-vous. L’AMF rappelle pourtant que ce document est obligatoire en situation de conseil, « c’est-à-dire lorsque le professionnel recommande des placements ».

Les constats de ces visites mystères seront présentés par l’AMF aux établissements visités pour que ces derniers puissent améliorer leurs pratiques en conséquence.

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