Epargne salariale : les ménages vont-ils la dépenser ?

Epargne salariale : les ménages vont-ils la dépenser ?

Les salariés vont pouvoir débloquer jusqu'à 10.000€ d'épargne d'entreprise de façon anticipée et sans fiscalité. A quel point vont-ils en profiter ?

Epargne salariale : les ménages vont-ils la dépenser ?
Crédit photo © Reuters

Voté la semaine dernière parmi les mesures de soutien au pouvoir d’achat, le déblocage exceptionnel de l’épargne salariale sera-t-il massivement utilisé par les ménages ?

Autorisé pour le financement de l’achat de biens ou de services dans la limite d’un plafond de 10.000€, le déblocage de ces fonds - qui doivent normalement être conservés cinq ans avant d’être défiscalisés – n’est pas une première.

Depuis 1994, plusieurs gouvernements ont déjà utilisé ce levier pour soutenir la consommation des ménages, mais sans obtenir de résultats spectaculaires : montant retiré en dessous des attentes, faible surcroît de consommation constaté, argent placé sur d’autres supports d’épargne….

Une épargne majoritairement déjà "disponible"

Vu les expériences passées, certains professionnels du secteur considèrent que cette mesure ne devrait pas avoir beaucoup d’effet sur le pouvoir d’achat des Français, et alors que 60% de l’épargne salariale est aujourd’hui déjà disponible (plus de cinq ans d’ancienneté).

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On peut tout de même gager que le dispositif rencontre cette fois davantage de succès : d’une part, ce déblocage sera directement fléché à des fins de consommation, puisque l’argent retiré ne pourra pas être placé ailleurs, et devra obligatoirement être utilisé pour l’achat de biens et de services.

L'inflation, une composante inédite

D’autre part, la mesure de déblocage anticipé intervient dans un contexte d’inflation inédit, que n’ont pas connu les précédentes expériences. Avec une hausse des prix à la consommation qui pourrait dépasser les 7% d’ici à la fin de l’année, la possibilité, pour les salariés, de disposer d’un complément de revenus ces prochains mois, ne devrait pas rester lettre morte.

Enfin, et alors que le gouvernement a beaucoup communiqué sur cette mesure, et que les entreprises seront dans l’obligation d’informer leurs employés du dispositif, on peut gager qu’il séduise beaucoup de salariés, même les moins "au fait" de ces placements financiers globalement mal appréhendés : 43% des bénéficiaires de l’épargne salariale réclament en effet des informations plus claires, plus lisibles et plus régulières, selon une enquête Ipsos réalisée en mai dernier par Epsens.

La résidence principale, une dépense privilégiée en temps "normal"

Quant à l’usage que pourraient faire les ménages de cet argent, il reste difficile à prévoir. En temps "normal", les projets immobiliers arrivent en bonne place car l’acquisition de la résidence principale est l’un des cas de déblocage anticipé prévus par la loi.

Parmi les propriétaires de leur résidence principale, plus de la moitié des bénéficiaires de plans d’intéressement et de participation ont ainsi utilisé leur épargne d’entreprise comme apport de leur projet immobilier, rapporte l’enquête Ipsos-Epsens.

Les salariés pourront débloquer avant la fin de l’année jusqu’à 10.000€ nets de prélèvements sociaux, un montant qui autorise en effet des projets d’importance, comme la pierre. Mais avec l’inflation, les ménages pourraient aussi n’en débloquer qu’une partie afin de conserver une épargne de précaution et de privilégier en parallèle le financement de dépenses plus courantes (loisirs, fêtes de fin d’année, vacances…).

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