Entre inflation et redressement des fonds en euros, l'assurance vie demeure au beau fixe

Entre inflation et redressement des fonds en euros, l'assurance vie demeure au beau fixe

Les placements en assurance vie ont enregistré un niveau quasi-record en janvier. Face aux pressions inflationnistes, et avec le redressement des taux obligataires, les Français ont alimenté ces contrats de plus de 14 milliards d'euros.

Entre inflation et redressement des fonds en euros, l'assurance vie demeure au beau fixe
Crédit photo © Pixabay

A l’instar des livrets A – qui ont connu un engouement record – les placements en assurance vie ont été particulièrement choyés par les ménages en janvier, montrent les chiffres de la fédération France Assureurs publiés ce jeudi 2 mars : les cotisations ont atteint 14,1 milliards d’euros, en hausse de 1% par rapport au niveau enregistré en janvier 2022, soit le deuxième plus haut niveau historique pour un début d'année après un record de 14,4 milliards d’euros en janvier 2006.

Les fonds en euros profitent de l'effet taux...

Fait remarquable : si la part des cotisations en unités de compte demeure globalement stable, à 39% (celle-ci a atteint en moyenne 40% sur l’ensemble de l’année 2022), l’argent placé sur les fonds en euros a repris des couleurs, avec 8,6 Md€ de cotisations enregistrées en janvier, contre seulement 6,7 Md€ en décembre, et 7,4 milliards d’euros en novembre.

Pour Franck Le Vallois, directeur général de France Assureurs, cette nette progression s’explique principalement par « les communications positives des assureurs au début de l’année sur les rendements servis de leurs fonds en euros », dont les taux – après plusieurs années de baisse générale – ont repris des couleurs à la faveur de la remontée des rendements obligataires, et de celle de l’épargne réglementée.

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Une collecte nette loin d'être exceptionnelle

En collecte nette toutefois (différence entre les cotisations versées par les assurés et les "prestations", soit les retraits), le résultat de l'assurance vie est moins spectaculaire à +1,3 milliard d'euros, car les Français ont aussi retiré beaucoup d'argent de ces placements : 12,9 milliards d'euros de prestations ont été versés au mois de janvier, en progression de 4 milliards d'euros par rapport à décembre !

« Les ménages ont tout à la fois effectué des versements importants et réalisé des retraits élevés, note Philippe Crevel, du Cercle de l’Epargne. De tels montants signifient la réalisation d’arbitrages. » Une situation paradoxale qui concerne d'ailleurs particulièrement les fonds en euros, sur lesquels les ménages ont à la fois davantage versés et retirés que les mois précédents.

En somme, les contrats d'assurance vie ont à la fois profité de l'intention des épargnants d'alimenter ces placements, et pâti de besoins de trésorerie accrus par l'inflation, notamment pour des projets immobiliers : face à des taux de crédit qui ont continué de grimper et des prix de la pierre toujours élevés, l'accès à l'emprunt est devenu plus difficile, et les banques exigent des apports de plus en plus importants, que les assurés vont trouver dans leur assurance vie.

L'encours des PER franchit la barre des 50Md€

Du côté des Plan d’épargne retraite (PER), le niveau de la collecte reste également au très beau fixe. En janvier 2023, les cotisations sur les PER assurantiel ont atteint 821 millions d’euros, en progression de 43% comparé au même mois de 2022, pour 75.400 nouveaux assurés (+16%). La collecte nette a atteint +668 millions d’euros, en progression de +194 millions d’euros par rapport à l’année dernière (+41%). A la fin du mois, le niveau d’encours dépassait ainsi pour la première fois la barre des 50 milliards d’euros, dont 45% en unités de compte, selon les chiffres de France Assureurs.

Un taux d'épargne des ménages toujours très élevé

Le mois de janvier est en général favorable à l’épargne : les fêtes de fin d’année terminées, sans prélèvement d’impôt au calendrier, les ménages disposent d’une bonne latitude pour mettre de l’argent de côté. Mais, en ce début d’année 2023, l’effort d’épargne apparaît relativement exceptionnel.

Tant les livrets A – qui ont profité d’un effet d’annonce de hausse de leur taux en février – que l’assurance vie et les PER ont enregistré des montants de cotisations remarquables. Alors que l’inflation en France demeure toujours à un plafond de près de 40 ans, les ménages continuent de soigner leur épargne, un réflexe traditionnellement observé en période économique "anxiogène". L’année dernière, et en dépit de la hausse générale des prix, le taux d’épargne des ménages est resté important, à 16,6% de leurs revenus en moyenne, un niveau toujours supérieur à celui d’avant la pandémie de coronavirus.

Le débat relatif à la réforme des retraites a sans doute également participé à la bonne tenue de ces placements, comme l’illustre en particulier la progression des cotisations sur les PER, qui ont aussi profité des annonces de rendement en hausse des fonds en euros.

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