Après une année 2021 exceptionnelle et en dépit d'une période économique anxiogène, les placements en assurance vie ont loin d'avoir été délaissés en 2022.
Inflation, guerre en Ukraine, incertitudes économiques… en dépit d’un contexte anxiogène, l’assurance vie aura fait preuve d’une bonne résilience en 2022. Communiqués ce jeudi 2 février par France Assureurs, les chiffres de l’année écoulée confirment une bonne tenue de ces placements, avec une collecte nette de 14,3 milliards d’euros, en décrochage par rapport à 2021 où elle avait atteint 23,7 milliards d’euros – période exceptionnelle marquée par un effet rattrapage post-Covid – mais qui reste dans la moyenne de ces dix dernières années, et fait porter l'encours total de l'assurance vie en France à 1.842 milliards d'euros.
Hausse notoire des prestations
Du côté des cotisations, celles-ci ont atteint 144,4 milliards d’euros sur l’année 2022, contre 151 milliards en 2021 (-3%), et ont été investies à 40% en unités de compte, un record constaté sur les vingt dernières années. Les prestations ont pour leur part progressé de 3% à plus de 130 milliards d’euros.
« L’augmentation du nombre de décès en France, ces dix dernières années, expliquent, en partie, cette augmentation les prestations, note Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne, dans une analyse diffusée cet après-midi. Par ailleurs, le nombre important des transactions immobilières (beaucoup d’acheteurs puisent dans leurs contrats d’assurance vie pour financer leur projet immobilier, NDLR), plus d’un million en 2022, peut également expliquer le volume élevé des rachats ».
Au cours d’une année « atypique pour l’assurance vie », où « pour la première fois depuis trente ans, le rendement des fonds euros est passé en-dessous de l’inflation », la publication des rendements 2022 des fonds euros étant postérieure à celle concernant les revalorisations des taux du Livret A – passés de 0,5% en janvier 2022 à 2% en août, « n’a pas eu d’effet en faveur de la collecte », souligne Philippe Crevel. Avec 20,3 milliards d’euros de décollecte, les fonds euros ont continué à être pénalisés par « un changement de modèle de l’assurance vie qui est désormais portée par les unités de compte », dont la collecte a été positive à +34,6 milliards d'euros.
L'assurance vie va-t-elle demeurer attractive en 2023 ?
A voir si 2023 sera plus favorable aux fonds en euros, dont les revalorisations annoncées pour 2022 devraient porter le rendement moyen de ces supports entre 1,6% et 1,8% d’après les estimations de Philippe Crevel, et devrait continuer à s’apprécier en 2023 avec la poursuite de la hausse des taux obligataires.
La concurrence "relative" - mais réelle - de l’épargne réglementée devrait se poursuivre -le rendement des livrets est déjà passé à 3% en février et devrait à nouveau augmenter cet été – tandis que les unités de compte en actions devraient probablement repartir à la hausse après une année 2022 en sévère décrochage.
Dans tous les cas, et « dans un contexte encore complique sur le plan du pouvoir d’achat, la collecte nette devrait se situer dans le prolongement de celle de 2022 », anticipe Philippe Crevel. Elle pourrait notamment profiter d’une « baisse de l’engouement pour l’immobilier » qui pâtit depuis plusieurs mois de la remontée des taux d’emprunt.
