Le chiffre va à coup sûr faire les gros titres durant plusieurs jours. En 2018, les groupes du CAC 40 ont distribué 57,4 milliards d’euros à leurs actionnaires, selon la Lettre Vernimmen. Du jamais vu depuis 2007.
Par rapport à l’année précédente (2017), ce montant a augmenté de 6,5 milliards d’euros. Entre des montants distribués en hausse et des cours sous pression, le taux de distribution a lui aussi progressé : les sommes versées ont représenté 3,8% de la capitalisation moyenne contre 3,6% un an plus tôt.
Près de 20% de rachats d’actions
La distribution est souvent associée aux dividendes. Ils ont effectivement représenté l’essentiel des versements en 2018. Les dividendes payés en cash se sont élevés à 42,2 milliards d’euros (73,4% du total) et les dividendes en actions à 3,8 milliards d’euros (6,6%).
La politique de distribution peut aussi passer par des rachats d’actions. En 2018, ils ont été largement mis à profit. Leur montant cumulé a atteint 10,9 milliards d’euros (19% des distributions).
Les mêmes poids lourds
Sans grande surprise, Total, Sanofi et BNP Paribas ont réalisé à eux seuls 33% du volume global : 10,9 milliards d’euros pour Total, 4,8 milliards d’euros pour Sanofi et 3,8 milliards d’euros pour BNP Paribas.
Pour les auteurs du rapport, cela est parfaitement logique car ces groupes génèrent beaucoup de capitaux et n’en ont pas nécessairement besoin étant arrivés à maturité.
Il est également à noter que ces trois groupes ont affiché les meilleurs rendements au sein de l’indice : 7,8% pour Total, 5,5% pour Sanofi et BNP Paribas.
A l’inverse, la dernière moitié de l’indice n’a compté que pour 18% des sommes distribuées. « Même au sein du CAC 40, les inégalités sont criantes », indiquent les auteurs avec un certain sens de la provocation.
Le mirage de l’enrichissement
Devançant les réactions indignées, les auteurs vont d’ailleurs plus loin en rappelant que « dividendes et rachats d’actions n’ont jamais enrichi les actionnaires ». Un point sur lequel L’Argent & Vous a également insisté par le passé exemple chiffré à l’appui.
De fait, verser un dividende revient à transformer en espèces une partie du patrimoine de l’entreprise. Ainsi, lorsque l’actionnaire encaisse un dividende, la valeur de son action baisse d’autant. En termes de patrimoine, il n’est pas plus riche qu’avant.
Pour clarifier ce propos, la Lettre Vernimmen compare la distribution à un retrait au distributeur. Or, indique-t-elle, « un retrait à un distributeur automatique de billets ne vous a jamais enrichi ».
Les dividendes ont en revanche un intérêt économique évident. Ils permettent de faire circuler le capital, depuis les entreprises qui ont de faibles besoins vers celles qui en ont fortement besoin.
Source: Lettre Vernimmen de janvier 2019 | ||
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Montant | En % de la capitalisation moyenne | |
Rachats d'actions | 10,89 Md€ | 0,7% |
Dividendes en actions | 3,83 Md€ | 0,2% |
Dividendes ordinaires en cash | 42,18 Md€ | 2,8% |
Dividendes exceptionnels en cash | 0,52 Md€ | <0,1% |
TOTAL | 57,42 Md€ |