Si les Français ont globalement gagné en pouvoir d’achat sur 10 ans, la tendance depuis 5 ans est plus contrastée. Dans plus du tiers des villes, la situation s’est dégradée
« Le pouvoir d’achat immobilier en France s’est amélioré en 10 ans ». Le constat établi par Meilleurtaux apparaît évident. Il faut dire qu’avec des taux à 20 ans passés de 5% en 2009 à 1,40% actuellement, la capacité d’emprunt d’une mensualité de 990 euros a grimpé de 150.000 euros à 210.000 euros. Ceci a permis de compenser en grande partie la hausse des prix (dans les agglomérations où ils ont bondi) voire d’améliorer la marge de manœuvre des emprunteurs (là où les prix n’ont pas augmenté).
Résultat, le pouvoir d’achat en m² s’est amélioré dans 75% des villes analysées par le courtier.
Moins de gains depuis 2014
Il faut toutefois rappeler qu’en 2009, les prix étaient loin d’avoir atteint leur point bas. Ce dernier a plutôt été touché en 2015. Dans ces conditions, n’était-il pas plus intéressant d’emprunter il y a 4 ans plutôt qu’aujourd’hui ?
L’étude de Meilleurtaux est à cet égard intéressante à regarder puisqu’elle fournit également des données pour 2014, c’est-à-dire juste avant que les prix atteignent leur plancher.
Dans cet intervalle, il apparaît que les prix ont augmenté dans toutes les villes sauf au Mans (-2,8%). La moyenne arithmétique de ces 19 villes fait ressortir une hausse moyenne de 22,3%. Or, du fait d’un écart de taux (de 3,3% à 1,4%) moins favorable que sur 10 ans, la capacité d’emprunt d’une mensualité de 990 euros a à peine compensé la hausse des prix. De fait, l’emprunteur peut actuellement emprunter 20% de plus qu’il y a 5 ans (210.000 euros contre 175.000 euros).
En moyenne, dans les 19 villes étudiées, le pouvoir d’achat a donc stagné. Une conclusion qui rejoint celle de notre dernière étude établie sur la période 2015-2018.
Des gagnants et des perdants
Bien entendu, cette moyenne recouvre des situations très différentes. Dans 8 des 19 villes étudiées par Meilleurtaux (soit 42% du total), les emprunteurs ont gagné en pouvoir d’achat. Le gain atteint par exemple 3 m² à Nice et approche des 10 m² à Lille et Toulon du fait de hausses de prix contenues. La palme revient au Mans où le tassement des prix depuis 5 ans (-2,8%) a permis au pouvoir d’achat de passer de 102 m² à 126 m².
En milieu de tableau, la situation n’a guère changé pour Paris, Reims, Angers et Marseille, avec un écart contenu entre -1 et +1 m².
Enfin, et c’est là le point noir de ce bilan, le pouvoir d’achat s’est clairement dégradé dans 7 grandes villes (soit plus du tiers des villes analysées). Si la perte de « surface achetable » se limite à 3 m² à Nantes, elle grimpe à 12 m² à Rennes, 16 m² à Bordeaux et 17 m² à Strasbourg.
En résumé, depuis 5 ans, le mix baisse des taux/hausse des prix n’a pas eu d’effets positifs pour les acquéreurs dans 11 des 19 plus grandes agglomérations du pays.
Source : Meilleurtaux mars 2019 | |||
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En 2014 Emprunt 175.000 € à 3,3% | En 2019 Emprunt 210.000 € à 1,4% | Evolution | |
Strasbourg | 79 | 62 | -17 |
Bordeaux | 60 | 44 | -16 |
Rennes | 75 | 63 | -12 |
Saint-Etienne | 168 | 157 | -11 |
Lyon | 50 | 46 | -4 |
Toulouse | 70 | 67 | -3 |
Nantes | 65 | 62 | -3 |
Marseille | 71 | 70 | -1 |
Angers | 93 | 92 | -1 |
Reims | 86 | 85 | -1 |
Paris | 20 | 21 | +1 |
Dijon | 84 | 86 | +2 |
Nice | 46 | 50 | +3 |
Grenoble | 78 | 81 | +4 |
Montpellier | 64 | 69 | +5 |
Le Havre | 101 | 107 | +6 |
Lille | 56 | 64 | +9 |
Toulon | 80 | 89 | +9 |
Le Mans | 102 | 126 | +24 |