Actifs atypiques : attention aux comparaisons avec les indices boursiers

Actifs atypiques : attention aux comparaisons avec les indices boursiers
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Comparer la plus-value générée par un actif tangible à l’évolution d’un indice boursier n’a guère de sens dans la mesure où les paramètres pris en compte ne sont pas les mêmes. Explications…

Actifs atypiques : attention aux comparaisons avec les indices boursiers
Crédit photo © Bonhams

« La valeur de ma voiture de collection a gagné 25% en trois ans, soit bien plus que le CAC 40 ». Nombre de collectionneurs (ou d’investisseurs) ont l’habitude de faire ce type de raccourci. Il arrive également que certains sites spécialisés vantent les performances des actifs atypiques en les comparant à celles des indices boursiers.

Ce type de raisonnement risque pourtant de conduire à des conclusions erronées, car les éléments comparés ne sont pas réellement comparables.

Les dividendes laissés de côté

Le gain produit par un actif atypique (par exemple une voiture) réside quasi systématiquement dans la plus-value. Un actif tangible génère rarement des revenus intermédiaires, sauf s’il est mis en location.

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A l’inverse, dans le domaine des actions, la plus-value ne constitue qu’une partie des gains. Les dividendes contribuent très significativement à la performance. Or, les indices boursiers courants ne mesurent que la hausse des prix (la plus-value) laissant de côté le rendement (les dividendes).

Une comparaison rigoureuse devrait donc plutôt être basée sur un indice dividendes réinvestis car les différences à la sortie sont importantes.

Sur 3 ans glissants, le CAC 40 a par exemple gagné 6% mais si on regarde l’indice dividendes réinvestis (CAC GR), la performance de ce même indice grimpe à 16,5%.

Les coûts liés à l’actif alternatif

Beaucoup d’analyses oublient par ailleurs (volontairement ou involontairement) de prendre en considération les coûts générés par la détention d’un actif atypique. Acheter un véhicule de collection impose par exemple de l’assurer, de le garer dans un endroit sûr et de l’entretenir. Des contraintes qui peuvent amputer significativement le rendement.

Comme nous l’avons montré dans un article récent, une Mercedes SL (type R107) a vu sa cote grimper de près de 45% en 3 ans, soit 13% par an environ.

Mais il apparaît qu’avec 150 euros d’assurance par an, 80 euros de parking par mois et 500 euros d’entretien par an, la rentabilité annuelle de ce placement chute à… 4%. Elle passe même à 1% avec 1.000 euros d’entretien par an.

Des écarts moins spectaculaires

Reprenons ces deux exemples ci-dessus. Un collectionneur pourrait être tenté de dire : ma voiture a gagné 45% en 3 ans, contre 6% pour le CAC. Soit un rendement annuel de plus de 13% au lieu de 1,96%.

Mais en prenant tous les paramètres en compte, un placement sur le CAC aurait réellement rapporté 5,2% par an et l’investissement dans une Mercedes SL 4%.

Bien sûr, le placement en actions supporte aussi quelques frais et surtout une fiscalité à 30%. En intégrant ces données, on peut évaluer que les actions ont rapporté entre 3% et 3,5% nets sur 3 ans contre 4% pour une Mercedes ancienne.

L’écart réel est donc nettement moins spectaculaire que celui qui découle d’une analyse rapide.

Evidemment, chaque cas est particulier. Mais les candidats à l’investissement dans un actif tangible doivent garder à l’esprit que ces placements sont rarement des jackpots et sont avant tout un moyen de se faire plaisir… avec éventuellement un gain à la clé.

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