Vins de Bordeaux: le millésime 2013 sera avant tout un investissement plaisir

Vins de Bordeaux: le millésime 2013 sera avant tout un investissement plaisir
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Cette semaine a eu lieu en primeur la dégustation de la récolte 2013. L'heure ne semble plus à la spéculation d'autant que ce millésime est jugé hétérogène en termes de qualité

Vins de Bordeaux: le millésime 2013 sera avant tout un investissement plaisir
Crédit photo © Reuters

Environ 6.000 professionnels étaient invités à se rendre dans les vignobles bordelais cette semaine pour déguster en primeur la récolte 2013. Ce principe, unique au monde, permet aux négociants et clients de découvrir les vins avant leur mise en bouteille. Ce millésime 2013 est marqué par de faibles volumes et qualifié  d'hétérogène. Côté prix, l'heure n'est plus à la spéculation...

Pas de hausse de prix cette année

L'an dernier, les conditions météorologiques ont pesé sur les vignobles de la région bordelaise. La production s'est élevée à seulement 3,83 millions d'hectolitres, soit 27% de moins qu'en 2012. "Nous sommes bien en dessous des moyennes des trente dernières années", note Basile Tesseron, gérant du Château Lafon-Rochet, classé quatrième grand cru en 1855. Ces faibles quantités expliquent la hausse des prix sur les petits vins. A l'inverse, sur le marché des primeurs, c'est-à-dire une sélection de 200-250 vins, la tendance est à la baisse. Interrogé sur les prix pratiqués cette année, Basile Tesseron plaisante : "la question à 100.000 dollars ! Tout ce que je peux vous dire c'est que certains les baisseront, d'autres pourront jouer la stabilité. Mais ceux qui les augmenteront, ne vendront pas une bouteille !". "Le millésime 2013 sera un placement plaisir et non pas financier", estime pour sa part Jean-Jacques Bonnie, co-gérant du Château Malartic-Lagravière, grand cru classé de Graves. "Le négoce souhaite un retour aux prix de 2008, c'est-à-dire de moitié par rapport à 2010, certains y étaient déjà l'an dernier, beaucoup y arriveront cette année", ajoute-t-il. En 2010, les prix s'étaient envolés en raison de la forte demande : le Château Cheval Blanc, 1er grand cru classé A de Saint-Emilion  valait ainsi 1.300 euros en moyenne la bouteille, contre 660 euros l'année suivante. Même chose pour le Château Margaux, 1er grand cru classé en AOC Margaux, dont le prix avait quasiment  été divisé par deux, passant de 945 euros à 510 euros la bouteille.

Une clientèle européenne en 2013 ?

Martine Bounet, consultante-acheteuse pour 'Vins deux mondes' estime également que l'heure est à la stabilité des prix. "Le marché a plus ou moins perdu le soutien des Asiatiques qui se veulent plus rigoureux quant à leurs achats. Les autres marchés dits traditionnels commencent pour leur part à être fatigués d'une politique de prix qui ne semble plus en adéquation avec la réalité des marchés", explique-t-elle. L'an dernier, les exportations ont en effet reculé de 6% en valeur à 2,14 milliards d'euros, la Chine étant l'une des principales responsables, avec une baisse des volumes de 16% et de 18% en valeur en une année.

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Basile Tesseron rappelle toutefois que les Chinois, les Indonésiens et les marchés émergents en général, ne sont arrivés que tardivement sur les primeurs, en 2010. Pour ce millésime 2013, le gérant du château Lafon-Rochet table sur une clientèle essentiellement européenne et française, "même si les Asiatiques demeurent nombreux, notamment les Japonais". "Le marché anglais est au rendez-vous, vu le nombre d'acheteurs présents sur les dégustations mais avec un budget très serré", ajoute Martine Bounet.

Un millésime hétérogène, mais de bonnes surprises

Que dire cependant de la qualité des vins ? "Il y a de très bonnes choses, en termes de style, d'autres moins. Des talents se sont révélés alors que le raisin était fragile", souligne Basile Tesseron. Le millésime 2013 est destiné aux clients qui "souhaitent boire sur la jeunesse plutôt que d'attendre (...) cela dit j'ai dégusté des 2004, un millésime également considéré comme difficile et il y avait de jolies bouteilles (...) il y aura sans nul doute de bonnes surprises cette année", estime pour sa part Martine Bounet. "2013 ne sera jamais du niveau de 2010", concède enfin Jean-Jacques Bonnie. "Mais depuis 1995, les grands crus classés ont beaucoup travaillé, développé des techniques pour homogénéiser les récoltes. Résultat, il n'y a plus de 'mauvais vin'", fait-il valoir, avant de conclure : "il y a 25 ans, un millésime semblable au 2013 aurait été exécrable".

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