Guillaume Eyssette, dirigeant fondateur de Gefinéo.
Les taux d’intérêt très bas nous poussent à chercher de la rentabilité sur les actions. Au prix, dit-on souvent, d’une plus grande prise de risque. Mais de quel risque parle-t-on, et comment le maîtriser ?
Si l’investissement en actions est rentable sur le très long terme (7% à 9% par an en moyenne sur une très longue période), il n’en reste pas moins que ces moyennes resteront virtuelles pour l’investisseur qui ne saura pas, ou ne pourra pas, rester investi durant les périodes d’incertitudes. Alors combien investir en bourse ?
Epargne de précaution
La première étape est de segmenter son patrimoine, pour définir tout d’abord le montant de l’épargne de précaution dont on a besoin pour faire face à des imprévus ou des opportunités inattendues. Cette réserve de précaution doit être disponible à tout moment et stable en valeur. Ce n’est pas sur ce segment qu’on trouve aujourd’hui de la rentabilité.
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Moyen terme
Ensuite on pourra définir une poche de moyen terme (3 à 5 ans), correspondant par exemple à un projet à financer dont on connaît la date avec une relative précision (études supérieures des enfants, achat d’une résidence secondaire etc…). Et finalement définir une somme à investir à long terme, sur 8-10 ans et plus, c’est ici que l’on cherchera une rentabilité intéressante à terme, tout en acceptant des variations importantes des prix affichés à court terme.
Long terme
Tout le monde a besoin d’investir à long terme, que ce soit par exemple pour préparer sa retraite ou encore pour transmettre aux générations futures. Pour l’investisseur en actions, le temps est un puissant allié. Pour peu que l’on investisse à un prix cohérent, dans des entreprises disposant d’avantages concurrentiels difficiles à répliquer, et dont les dirigeants sont à la fois honnêtes et raisonnablement compétents, le passage du temps fera s’accroître la valeur fondamentale desdites entreprises.
Constance de la stratégie
Sur le long terme, la valeur des entreprises telle qu’affichée quotidiennement en bourse finit par rejoindre leur valeur économique fondamentale. Le court terme est lui largement aléatoire, les variations à la minute des cours de bourse ont bien peu de rapport avec le temps long d’une entreprise qui déploie sa stratégie sur plusieurs années. Bien entendu, la vie économique n’est pas un long fleuve tranquille et les périodes de crise et d’expansion se succéderont aussi bien pour une entreprise en particulier que pour l’économie au sens large. D’où l’importance de n’investir en actions que la part long terme de ses capitaux. La variation des prix affichés à court terme n’aura alors que peu d’importance pour l’investisseur de long terme, qui s’est organisé pour ne pas avoir besoin de vendre au pire moment. C’est la constance de la stratégie qui construira la performance dans le temps.
Un peu de spéculation
Mais que faire alors si l’on investit plutôt en bourse à court-terme ? Que faire lorsqu’on est Day trader, ou que l’on joue les signaux techniques, que l’on va vendre ou acheter des dizaines voire des centaines de fois le même instrument durant l’année ? Ceci n’est plus vraiment de l’investissement en entreprises, mais plutôt de la spéculation dont les actions servent de support. Pour le spéculateur, le temps n’est pas une protection, au contraire il augmente souvent le risque de perte irréversible. La poche spéculation doit donc correspondre à l’argent que l’on espère multiplier mais que l’on peut se permettre de perdre.
La bonne approche
Notez bien la différence : je ne peux pas me permettre de perdre l’argent dont j’aurais besoin dans 15 ans pour ma retraite, mais je peux l’investir en actions, car avec la bonne approche, ma durée d’investissement me protège des soubresauts court-termistes des marchés. Par contre, si j’ai le goût du trading, je ne spécule en bourse qu’avec l’argent que je peux me permettre de perdre.
Cela suppose d’avoir préalablement analysé sa situation et ses objectifs, pour segmenter son patrimoine. C’est au prix de cette introspection initiale que l’investisseur fait du temps un allié, qu’il tire tout le bénéfice de la rentabilité des entreprises, et donc des actions sur long terme.