"Le risque va de nouveau payer !"

"Le risque va de nouveau payer !"
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Gérard Cercet, directeur général adjoint stratégie-multigestion de SwissLife Banque

"Le risque va de nouveau payer !"
Crédit photo © Reuters

D'après votre analyse, nous sommes sur le point de sortir d'une situation financière anormale. Comment s'est caractérisée cette anormalité ?

G.C. : Globalement la crise a induit des politiques monétaires de soutien qui se sont traduites par une baisse généralisée des taux directeurs avec la clé des taux réels parfois négatifs. Dans ce contexte, nous avons assisté à une inversion de la courbe rendements/risques. Concrètement, des actifs moins risqués ont ces derniers mois été plus rémunérateurs que certains actifs risqués. Les performances relatives des obligations et des actions de zones matures prouvent que la prise de risque était peu ou pas rémunérée.

Quels facteurs vous amènent à entrevoir aujourd'hui une inflexion ?

G.C. : Pour que les investisseurs reprennent goût au risque, il faut qu'ils reprennent confiance. Sur ce plan, la croissance et la politique des banques centrales sont déterminantes. Or, la croissance commence à revenir outre-Atlantique et concernant les banques centrales, il est évident que la BCE a ramené un peu d'optimisme. La zone euro a passé le plus difficile.

Cela veut-il dire que la courbe rendements/risques va reprendre une pente normale ?

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G.C. : Selon nous, 2013 va effectivement être placée sous le signe de la normalisation. Cela signifie que tôt ou tard, le risque va de nouveau payer. Cependant, dans des périodes de transformation comme celle que nous traversons, les déplacements de flux vers les actifs risqués peuvent créer des perturbations. Le mouvement nécessite dès lors un pilotage fin.

Dans la pratique, comment cela se traduit-il ?

G.C. : L'important est d'arriver à gravir l'échelle des risques sans chuter. Pour cela la gamme des OPCVM disponibles offre de nombreuses possibilités. Le schéma classique consiste d'abord à investir entièrement ses poches de liquidités. C'est ce que nous avons déjà fait. L'idée est de passer progressivement du monétaire aux produits de trésorerie dynamique, puis de pousser un peu plus les curseurs sur l'obligataire, voire sur l'obligataire à haut rendement. Dès que l'obligataire commence à donner des signes d'essoufflement comme à l'heure actuelle, les fonds orientés vers les convertibles (sur lesquels il reste du potentiel) permettent de franchir une étape supplémentaire vers le risque, avant de faire un pas plus marqué vers les actions.

Nous en sommes à ce stade. Nous restons globalement positionnés sur l'obligataire mais pas autant qu'avant. En début d'année, nous nous sommes légèrement renforcés sur les actions. Dans ce contexte de transition, les fonds diversifiés nous semblent en tout cas constituer des produits particulièrement adaptés.

N'y a-t-il pas toutefois un risque de rechute ?

G.C. : Il nous semble que la question est plutôt de savoir quand et à quel rythme la normalisation va s'opérer. D'ici là, des turbulences sont envisageables mais l'environnement nous apparaît clairement plus optimiste. Il y a parfois des évidences sur le marché. Or, aujourd'hui d'après notre analyse tous les éléments convergent et plaident en faveur de la normalisation.

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