Assurance-vie : « l’évolution des taux de l’Afer doit être expliquée aux adhérents »

Assurance-vie : « l’évolution des taux de l’Afer doit être expliquée aux adhérents »

Jean-François Filliatre, membre du collectif « Dans l’intérêt des adhérents »

Assurance-vie : « l’évolution des taux de l’Afer doit être expliquée aux adhérents »
Crédit photo © JFF

Votre collectif « Dans l’intérêt des adhérents » propose 11 résolutions en vue de l’AG de l’Afer le 30 juin. Quelle est la motivation de votre démarche ?

Forte de ses 700.000 adhérents, l’Afer a été en pointe sur un certain nombre de sujets de l’assurance-vie depuis les années 1980. Ses actions ont été utiles aux adhérents, avec de bonnes performances à la clé, et utiles à la place. Nous souhaitons simplement à travers nos résolutions que l’Afer continue à montrer l’exemple, qu’elle reste un acteur à part et innovant.

L’une de vos résolutions concerne notamment la construction du taux du fonds en euros. Que reprochez-vous à l’Afer sur ce point ?

Nos critiques ne portent pas tant sur le fonds, c’est-à-dire le mode de calcul du taux, que sur la communication qui l’entoure. En 2010, le décrochage a été violent avec une perte de performance de 0,6 point. Ensuite, le taux est remonté à contresens du marché. Ces évolutions atypiques des taux servis doivent être expliquées aux adhérents.

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Selon le collectif, comment l’information pourrait-elle être plus transparente ?

Même si elle dispose désormais d’une autorisation, l’Afer n’a pas recours à la provision pour participation aux excédents (PPE). N’utilisant pas ce système de lissage des performances, l’Afer continue donc à produire son discours historique selon lequel elle distribue tous les profits à ses adhérents. Mais techniquement, ceci est inexact.

En assurance-vie, il existe deux sources de revenus : d'un côté, les revenus courants constitués de coupons et dividendes et de l'autre, les plus-values. Les plus-values sur obligations ne peuvent être distribuées et doivent aller en réserve de capitalisation. Il n’en va pas de même pour les plus-values sur actions.

Un taux uniquement constitué de revenus courants sera a priori stable dans le temps. A l’inverse, un taux alimenté par des plus-values risque d’être plus chaotique surtout en l’absence de réserves.

Nous souhaitons donc que l’Afer communique sur un certain nombre d’éléments qui conditionnent la construction de ses taux, par exemple les plus ou moins-values générées, les coupons reçus.... Ceci permettrait aux adhérents de comprendre, voire d’anticiper, l’évolution des performances.

Quel est pour l’heure l’attitude du conseil face à cette demande ?

La seule réponse avancée consiste à dire que cela servirait la concurrence. Nous déplorons d’ailleurs d’une manière générale un manque de dialogue avec le conseil concernant nos propositions, alors que nous sommes dans une logique de main tendue. En proposant 4 personnes au conseil sur un total de 11 membres, nous n’avons pas pour but de renverser l’équipe en place.

Revenons au calcul du taux. Le collectif est-il favorable à l’utilisation de la PPE ?

Pour l’instant, notre action sur le taux concerne la politique de communication de l’Afer. Le collectif n’a pas encore pris position sur la question de fond qu’est la PPE. Il y a au sein du collectif des partisans de la PPE, favorables à un lissage des performances, et des anti-PPE, plus enclins à tout redistribuer quitte à avoir des taux moins réguliers.

Ceci prouve qu’il y a une vraie démocratie dans le collectif. Nous souhaitons prendre le temps de discuter de ce point, car il a une importance capitale pour l’Afer et son statut d’acteur à part. Cette action en vue de l’AG n’est qu’un début. Notre but étant de nous inscrire dans la durée aux côtés de l’Afer, nous continuerons à émettre des idées.

Un autre point vous tient particulièrement à cœur. Il s’agit des rémunérations...

Selon les statuts, les fonctions de membre du conseil sont occupées à titre gratuit. La rémunération n’est prévue qu’à titre exceptionnel. Mais au fil du temps, l’exception est devenue la règle. Nous avons aujourd’hui une association qui a un budget de 4 millions d’euros et prévoit de verser près de 800.000 euros de rémunérations aux administrateurs. Nous proposons donc d’instituer un plafond global (5% du budget) et des plafonds individuels afin que chaque membre du conseil ne puisse percevoir plus de 120.000 euros par an, une somme déjà correcte pour les responsabilités exercées.

On peut même se demander s’il ne faudrait pas à terme revoir les statuts en AGE afin de supprimer la référence à la gratuité, aujourd’hui dévoyée, de mettre un terme au versement de rémunérations et d’introduire à la place un mécanisme de dédommagement pour le conseil. Dans l’esprit, cela serait plus conforme au cadre associatif de l’Afer.

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Jean-François Filliatre

Le parcours de Jean-François Filliatre

membre, collectif "dans l'intérêt des adhérents"

Editorialiste et ancien directeur de la rédaction de Mieux vivre votre argent, Jean-François Filliatre a créé le collectif « Dans l’intérêt des adhérents » avec 5 autres adhérents de l’Afer : Nathalie d’Imbleval, Jean-Antoine Bouchez, Jean Berthon, Guillaume Prache et Christine Priol. Parmi les 11 résolutions portées en vue de l’AG du 30 juin 2014, le collectif propose la nomination de 4 de ses membres au conseil d’administration de l’Afer.

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