« Il ne faut pas avoir peur d’utiliser des produits structurés dans son portefeuille »

« Il ne faut pas avoir peur d’utiliser des produits structurés dans son portefeuille »

Marie Buckwell, directrice générale du cabinet de gestion de patrimoine indépendant Valoria Capital

« Il ne faut pas avoir peur d’utiliser des produits structurés dans son portefeuille »
Crédit photo © Valoria Capital

Par le passé, des produits structurés ont été à l'origine de litiges entre épargnants et sociétés de gestion. Vous en faites néanmoins un véritable outil de gestion de patrimoine et venez d'ailleurs de lancer 2 nouveaux produits. Pour quelles raisons?

La crise de 2008 a entrainé la chute de nombreuses valeurs dans le marché. Pour autant, faut-il arrêter d’investir sur les actions? Bien sûr que non.

Il en va de même pour les produits structurés. Cette terminologie regroupe des produits très différents les uns des autres, certains très bons, et d’autres à utiliser plus prudemment. Il est possible que dans le passé quelques gestionnaires aient pu promouvoir des choix trop risqués, mais l’AMF impose aujourd’hui beaucoup plus de transparence sur ces produits, et c’est une très bonne chose.

Pour notre part, nous intégrons complètement certains produits structurés dans notre gestion.

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Nous n’attendons pas aujourd’hui de fortes variations, à la hausse ou à la baisse, des marchés actions. Or les produits structurés offrent l’avantage de pouvoir délivrer des rendements importants, de 7% à 9%, dans toutes les configurations de marché : hausse, stabilité ou baisse modérée.

Il n’y a que deux scénarios de marchés dans lesquels ils ne seront pas adaptés :

- en cas de très forte hausse, il vaut mieux investir en direct sur le sous-jacent car la performance sur un produit structuré est plafonnée ;

- en cas de très forte baisse, (supérieure à 40% sur la durée de vie du produit, par exemple), le capital n’est plus protégé.

Les produits structurés ont tout à fait leur place dans une allocation de portefeuille, à côté d’actifs plus traditionnels. Il ne faut pas avoir peur de les utiliser. Nous privilégions de façon générale les produits les plus simples et les plus lisibles.

Concrètement, quel est le fonctionnement des deux produits structurés que vous venez de lancer ?

Nous avons récemment lancé un produit structuré sur l’action Total, partant du constat que le titre avait beaucoup baissé et que nous arrivions sur des cours d’entrée attractifs. En outre, nous anticipons que les cours du pétrole devraient se stabiliser en 2015 car c’est dans l’intérêt des pays producteurs.

Ce produit, d’une durée de vie maximum de 8 ans offre des coupons annuels de 9,10%, et une protection du capital à l’échéance jusqu’à une baisse de 40% du titre par-rapport à l’origine.

Le capital est donc protégé si le titre ne clôture pas sous 25,46 euros à l’échéance des 8 ans, sachant que :

- sur les 10 dernières années, Total n’a jamais clôturé sous les 30 euros.

- il suffit que le titre soit en hausse une seule fois par-rapport à l’origine, à une des sept dates anniversaires annuelles, pour que l’investisseur soit remboursé de l’intégralité de son capital et des coupons dûs au titres des années écoulées.

Nous avons aussi émis un produit sur le titre Orange, de caractéristiques proches (coupon annuel de 9,50%, et protection du capital jusqu’à une baisse du titre de 40% à l’échéance). La souscription sur ce produit se termine dans quelques jours.

Nous pensons que le titre Orange présente de nombreux atouts. Goldman Sachs vient d’ailleurs de relever son objectif de cours à 21,10 euros. Cependant, du fait de la volatilité de l’action, nous préférons investir dessus via un structuré plutôt qu’en direct, afin d’apporter plus de protection à nos clients.

Nous proposons enfin régulièrement des produits sur l’indice EuroStoxx50, avec des coupons allant de 7% à 9%.

Vos clients ne sont-ils pas méfiants quand vous leur proposez des produits structurés?

Certains peuvent l’être au départ, et demandent à ce que seule une faible partie de leur portefeuille soit investie en structurés. Au final, au fur et à mesure du temps, c’est en général eux qui nous demandent d’augmenter la proportion des structurés en portefeuille, au vu des résultats obtenus sur la durée.

Par-ailleurs, beaucoup nous contactent, justement parce qu’ils ont entendu parler de notre gestion par nos clients, qui sont finalement nos meilleurs prescripteurs.

Sachant que ces produits comportent une part de risque, quelles précautions faut-il prendre?

Il ne faut jamais investir sur un produit que l’on ne comprend pas parfaitement et dont on n’a pas analysé toutes les caractéristiques.

Il ne faut pas investir non plus si on n’a pas, au minimum, un scénario général de marché.

Enfin, comme toujours en matière d’investissement, le produit structuré doit s’inscrire dans un portefeuille patrimonial diversifié.

Par quels moyens peut-on investir dans un produit structuré? Sont-ils éligibles au compte-titres ou à l'assurance-vie ?

Tout comme une action ou un OPCVM, un produit structuré est identifié par un code Isin. On peut donc investir dessus via un compte titres ordinaire, ou en assurance-vie. En revanche, il n’est pas possible d’investir via son PEA.

On peut aussi déléguer la gestion de son contrat d’assurance-vie ou de son compte titre à un conseiller expert en la matière.

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Marie Buckwell

Le parcours de Marie Buckwell

Directrice générale, Valoria Capital

Marie Buckwell a travaillé 15 ans en salle des marchés chez BNP Paribas, en tant que responsable de la vente et du marketing des produits structurés listés en bourse, avant de devenir conseiller indépendant il y a 4 ans.
Titulaire d'un DESS de Finance et  Fiscalité et d'un diplôme d'Expert en Gestion de Patrimoine, elle est aujourd'hui directrice générale du cabinet de gestion de patrimoine indépendant Valoria Capital

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