Perp : un avantage fiscal à relativiser

Perp : un avantage fiscal à relativiser
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Ce produit de retraite offre des déductions intéressantes durant la phase d’épargne. Mais une fois à la retraite, la rente est imposée en quasi-totalité.

Perp : un avantage fiscal à relativiser
Crédit photo © Reuters

L’épargne-retraite est au cœur des projets du gouvernement. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a en effet indiqué vouloir accroître l’attractivité des dispositifs en place pour inciter les Français à recourir plus massivement aux Perco, Madelin ou autres Perp.

Pour cela, diverses mesures vont être prises, comme la possibilité de sortir en capital. Il est vrai que l’obligation de sortie en rente (au moins à 80%) constitue un frein pour un produit comme le Perp, dont l’un des avantages réside aujourd’hui dans les abattements fiscaux qu’il offre au moment des versements.

Cet argument fiscal est d’ailleurs souvent mis en avant pour convaincre les épargnants. Mais est-il vraiment intéressant ?

Des cotisations défiscalisées

Pour mémoire, les versements effectués sur un Perp sont déductibles des revenus (dans certaines limites). Ainsi, un contribuable imposé dans la tranche à 30% économise 300 euros d’impôt s’il verse 1.000 euros. Dans la tranche à 14%, l’économie est de 140 euros.

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Prenons l’exemple d’un salarié versant 6.000 euros par an pendant 25 ans. Dans la durée, il versera 150.000 euros. Et si son plan sert 1,5% par an, il sera à la tête d’un capital de 180.378 euros à la sortie. En retour, ces versements lui auront permis d’économiser 45.000 euros d’impôt sur 25 ans (soit 1.800 euros chaque année), s’il est dans la tranche à 30%.

Des pensions fortement taxées

Arrivé à la retraite, cet épargnant pourra percevoir une rente viagère. Si l’espérance de vie de sa classe d’âge est de 25 ans, sa première rente annuelle sera de 7.215 euros (avec un taux technique de 0%).

Ceci étant, cette rente sera soumise à l’impôt (au barème) et aux cotisations sociales (10,1%) sur 90% de son montant. Autrement dit, si notre nouveau retraité reste imposé à 30%, il paiera 2.604 euros de fiscalité et n’aura que 4.611 euros nets par an.

En 25 ans de retraite (avec 1% de revalorisation par an), il percevra 203.775 euros de pensions brutes et paiera 73.542 euros de fiscalité, obtenant 130.232 euros nets. Entre les gains à l’entrée et les ponctions à la sortie, le bilan fiscal de l’opération sera donc largement négatif (28.542 euros).

Explications

Ceci est parfaitement compréhensible. Lors de la phase d’épargne, le salarié économise de l’impôt sur ses versements. A la sortie, il paie de l’impôt mais aussi des cotisations sur 90% de ce qu’il perçoit (c’est-à-dire la conversion en rente de son capital et de ses gains).

Sauf à ce que l’épargnant change de tranche d’imposition entre la phase d’épargne et la retraite, l’avantage fiscal du Perp est donc à relativiser.

Comparaison avec l’assurance-vie

Le Perp est souvent mis en concurrence avec l’assurance-vie. Quel est alors le résultat ? La même opération (versements bruts/rachats bruts) réalisée avec un contrat d’assurance-vie limite par exemple la facture fiscale à 9.250 euros et permet de maximiser la rente nette. De fait, l’assurance-vie offre des exonérations fiscales et ici, seuls les gains sont taxés.

Si l’idée est plutôt d’avoir les mêmes versements nets (4.200 euros) et la même rente nette à la sortie (avec une revalorisation de 1% par an), un épargnant choisissant l’assurance-vie ne paiera dans la durée « que » 2.924 euros de fiscalité. Et lui restera près de 11.000 euros de capital après 25 ans.

En résumé

Certes, le Perp assure une rente à vie, ce qui n’est pas forcément le cas avec des rachats sur une assurance-vie. Mais il faut garder à l’esprit que cette protection a un coût et que l’avantage fiscal obtenu à l’entrée se paie à la sortie.

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