Assurance vie : confirmation du tassement de la rentabilité des fonds en euros

Assurance vie : confirmation du tassement de la rentabilité des fonds en euros

La Banque de France a rendu public, un peu plus tardivement que d’habitude cette année, le taux de revalorisation moyen des fonds en euros pour 2019.

Assurance vie : confirmation du tassement de la rentabilité des fonds en euros
Crédit photo © Creative Commons / Ken Teegardin

Combien ont rapporté en moyenne les fonds en euros l’année dernière ? Ces placements phare de l’assurance-vie sont dits « sécurisés », c’est-à-dire que le capital investi ne peut pas diminuer (des frais peuvent s’appliquer). Leur rendement est, la plupart du temps, affiché en bonne position sur les plaquettes de présentation ou les publicités, car c’est souvent pour eux qu’un épargnant souscrit un contrat : ils représentent près de 80% de l’encours de l’assurance-vie.

Ils ont toutefois tendance à se faire de plus en plus discrets, car les taux servis diminuent depuis plusieurs années, ce qui n’est pas idéal pour attirer le client : en 2019, le taux de revalorisation moyen a ainsi été de 1,46%, d’après les chiffres de la Banque de France rendus publics ce mardi matin. En 2018, ce chiffre s’élevait à 1,83% comme l’année précédente.

Les fonds euros plombés les taux bas

« L’environnement de taux bas pèse sur l’activité de la banque et de l’assurance », a détaillé Laurent Clerc, directeur études, analyses et risques au sein de l’institution, à l’occasion d’une conférence de presse. Les fonds en euros sont en effet majoritairement investis dans des obligations, des emprunts d’Etats ou d’entreprises. Or, ils sont très faibles et sont même passés sous 0% pour les obligations françaises de référence à 10 ans (-0,28% ce mardi sur la marché secondaire). « Les taux d’intérêt baissent en raison de l’action des banques centrales », continue-t-il. La Banque centrale européenne maintient depuis plusieurs années des taux bas, voire négatifs, pour inciter les établissements à prêter de l’argent et à soutenir l’économie, ce qui a des répercussions sur les obligations.

Un phénomène qui a incité les acteurs de l’assurance-vie à dresser des barrières à l’entrée du support sécurisé pour éviter de diluer le rendement. Ils imposent de plus en plus aux investisseurs d’orienter une part de leurs versements sur des unités de compte. Ces placements peuvent aussi bien être des sociétés immobilières que des fonds en actions, voire des actions en direct. Ils subissent les fluctuations des marchés, à la hausse comme à la baisse et n’ont donc pas de garantie du capital. Une politique qui est vraisemblablement du goût du gouvernement puisqu’il n’a cessé d’inviter les épargnants à orienter leurs bas de laine vers « l’économie réelle » qu’il oppose aux placements sécurisés.

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Un "oui" prudent

La Banque de France, via l’autorité de contrôle qui en dépend (l’ACPR), après avoir souhaité cette évolution, se montre depuis le début de l’année plus prudente : « Nous demandons aux assureurs des éclaircissements sur les enjeux en termes de risque [pour l’assuré], a déclaré Dominique Laboureix, secrétaire général de l’ACPR. Nous sommes très attentifs à ce domaine. Nous faisons des enquêtes pour vérifier que [le] devoir de conseil [qui incombe aux compagnies] et les mesures associées sont bien respectées. »

Il constate néanmoins que le modèle économique de l’assurance-vie est affecté par des taux « low for long, et maintenant low for longer » [bas pour longtemps, et maintenant pour encore plus longtemps], un contexte auquel les acteurs doivent « faire face ».

Un cabinet indépendant, Facts&Figures, avait quant à lui estimé le taux 2019 à 1,33%, mais en pondérant les fonds. Un chiffre qui avait été grandement repris dans la presse cet été, d’autant que la Banque de France a tardé cette année à se prononcer.

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