Inflation : un décalage obligatoire entre les statistiques et la réalité

Inflation : un décalage obligatoire entre les statistiques et la réalité

Pour établir un indice global, l’Insee utilise des pondérations qui ne correspondent pas nécessairement à la situation de chacun. D’où les débats permanents sur l’inflation réellement subie.

Inflation : un décalage obligatoire entre les statistiques et la réalité
Crédit photo © Reuters

En dépit d’une inflation loin d’être galopante (et d’allègements de cotisations pour les actifs), les débats sur le pouvoir d’achat ont repris de l’ampleur récemment, principalement du fait de la hausse des prix de l’énergie. Il faut dire que cette question de l’inflation agite régulièrement l’opinion.

Certains pointent le manque de pertinence des chiffres de l’Insee quand d’autres accusent l’Institut (de manière plus ou moins directe) de manipulation.

Il convient toutefois de rappeler que l’inflation telle qu’elle est publiée ne peut pas refléter la situation de chacun. Malgré la multiplication des indices (tel celui qui mesure l’inflation subie par les 20% de ménages les plus pauvres), l’indice des prix à la consommation reste un indicateur global.

Méthode de construction

Pour construire son indice, l’Insee analyse l’évolution des prix poste par poste. Il existe ainsi des indicateurs pour les produits frais, l’habillement, les transports, l’énergie, le tabac…

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L’indice global est ensuite déterminé en appliquant à chacun de ces postes des pondérations, afin de refléter un panier de consommation type.

Dans le dernier indice publié (octobre 2018), l’alimentation représentait par exemple 16,27% du panier, le tabac un peu moins de 2%, les produits pétroliers 4,1%.

Ainsi, l’Insee considère par exemple qu’un foyer consommant 2.000 euros par mois dépense un peu moins de 82 euros en carburants. Ce qui correspond à un usage d’environ 10.000 km par an avec une voiture moyenne.

Chaque panier est un cas particulier

Bien entendu, la dépense réelle d’un ménage cadre rarement avec cette pondération type. Certains vont par exemple mettre l’accent sur l’alimentation au détriment de l’habillement. D’autres vont consommer beaucoup plus de carburant que la moyenne du fait de leur activité professionnelle.

En octobre, l’inflation globale selon l’Insee a été de 2,2% sur un an. Mais avec des prix à la pompe qui ont grimpé de 20% en un an, un gros consommateur de gazole a subi une inflation bien plus élevée. Imaginons un foyer utilisant deux fois plus de carburant que la moyenne. On peut estimer que dans son cas l’inflation a plutôt été voisine de 3% que de 2,2%.

De la même façon, du fait de l’envolée des prix du tabac (+16,8%), un gros fumeur a été cette année bien plus affecté par l’inflation qu’un non-fumeur.

L'effet du ressenti

A ces décalages réels, liés à la situation de chaque foyer, peut s’ajouter l’effet du ressenti. Comme l’ont montré plusieurs études passées, en période de hausse des prix, certains consommateurs ont tendance à surestimer l’inflation qu’ils subissent (notamment lorsque cela concerne un poste auquel ils sont particulièrement exposés). Cela peut découler d’une mauvaise perception de l’évolution des prix ou d’un calcul erroné (n’intégrant pas par exemple une hausse concomitante du volume consommé). Ce ressenti constitue en tout cas un élément supplémentaire pour expliquer la défiance vis-à-vis des statistiques officielles.

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