Soutenez-vous vraiment les entreprises en achetant des actions ?

Soutenez-vous vraiment les entreprises en achetant des actions ?
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L’argent investi en Bourse ou dans le non côté n’alimente pas nécessairement la trésorerie des entreprises. Tout dépend en fait du type de titres acquis. Explications…

Soutenez-vous vraiment les entreprises en achetant des actions ?
Crédit photo © Reuters

Soutenir l’économie réelle, c’est-à-dire les entreprises. Tel est le rôle que les gouvernements et de nombreux acteurs aimeraient faire jouer à l’épargne depuis plusieurs années. Il faut dire qu’en dépit des incitations et des nombreuses mesures adoptées au fil du temps, les Français restent très méfiants vis-à-vis des actions. Le poids des fonds en euros dans l'assurance-vie (80%) en est un bon exemple. Mais le fait d’acheter des actions renforce-t-il automatiquement la capacité financière des entreprises ? Pour répondre, il convient de distinguer les différentes situations.

Marché primaire

En matière d’actions, le marché primaire peut être assimilé au « marché du neuf ». On parle de marché primaire lorsque sont vendus des titres émis par l’entreprise, c’est-à-dire des titres nouveaux. C’est le cas lors des augmentations de capital ou des introductions en Bourse (la plupart du temps)

Les titres vendus sur le marché primaire viennent renforcer les comptes de l’entreprise puisque c’est elle qui vend les titres. En souscrivant à l’émission, l’épargnant soutient directement l’entreprise.

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Marché secondaire

Sur le marché secondaire, les choses sont différentes. Ici, l’épargnant n’acquiert pas des titres neufs mais des « titres d’occasion » vendus par un autre détenteur.

Quels que soient le cours de l’action et le montant de la transaction, l’entreprise n’en retire aucun bénéfice financier. L’argent versé par l’acquéreur va directement dans la poche d’un autre actionnaire (celui qui vend). C’est par exemple le cas quand l’Etat privatise une société en cédant les actions qu’il détient. Le produit de la vente des actions revient à l’Etat et non à la société.

Il est également important de savoir que certaines introductions en Bourse peuvent compter une grosse partie de reclassement de titres existants (vendus par des actionnaires qui souhaitent profiter de l’opération pour sortir du capital et encaisser leurs bénéfices).

Une segmentation à nuancer

En résumé, on pourrait donc dire que l’épargnant ne soutient véritablement l’entreprise que lorsqu’il participe à une opération sur le marché primaire. Or, les émissions d’actions ne comptent que pour une infime partie des volumes d’échanges quotidiens en Bourse. Le marché secondaire (a priori moins utile aux entreprises) représente l’essentiel des transactions.

Ce constat est toutefois à nuancer. L’achat de titres sur le marché secondaire contribue lui aussi à soutenir les entreprises… mais de manière indirecte. La liquidité d’un titre (c’est-à-dire sa facilité de revente) est une condition essentielle pour réussir une émission d’actions. Cette liquidité étant assurée par l’activité sur le marché secondaire, le fait d’acheter des titres d’occasion en Bourse renforce donc les chances de succès des émissions futures de la société.

De la même façon, un titre très demandé en secondaire va voir son cours monter. Cela n’enrichit en rien la société (sauf au travers d’éventuels titres auto-détenus). En revanche, un cours élevé peut faciliter un projet d’augmentation de capital dans la mesure où pour un montant donné, il limite le nombre de titres à émettre et partant la dilution des actionnaires en place.

Quelle que soit la situation, l’achat d’actions offre bien un soutien aux entreprises. Mais selon les cas, ce soutien est direct (marché primaire) ou indirect (marché secondaire).

Exemple

Lors d’une augmentation de capital, l’entreprise A vend une action à 100 euros à Mr X. Par cette opération, Mr X renforce la capacité financière de l’entreprise A, de 100 euros. Quelques mois plus tard, alors que le cours est monté à 200 euros, Mr X revend son action à Mr Y. La transaction n’a aucun impact financier pour l’entreprise. La revente du titre pour 200 euros ne profite qu’à Mr X, le vendeur. L’investissement de Mr Y n’est toutefois pas totalement « inutile » pour l’entreprise. En garantissant la liquidité du titre et en permettant une hausse du cours, Mr Y rendra plus aisées les prochaines augmentations de capital de l’entreprise. Pour lever 200 euros, il lui suffira en effet d’émettre une action et non deux comme au départ. Mr X et Mr Y auront tous deux aidé l’entreprise, mais de manières différentes.

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