Les assureurs ont pris l’habitude de moduler les taux des fonds en euros en fonction du type de clientèle mais aussi de la manière dont le client investit, avec parfois des écarts spectaculaires.
En matière d’assurance-vie en euros, tous les clients ne sont pas égaux. L’année 2018 l’a une nouvelle fois prouvé, nombre d’assureurs ayant maintenu la politique qui consiste à servir des rendements différents selon les profils.
Favoriser le haut de gamme
Lorsque les assureurs placent l’argent des épargnants, ils génèrent du rendement et la loi leur impose de reverser au moins 85% de ces bénéfices aux assurés. Mais cette participation appartient collectivement aux assurés. Les assureurs peuvent donc choisir de privilégier un type de clientèle.
C’est ce que l’on observe régulièrement avec les primes accordées aux détenteurs de contrats haut de gamme. Ces dernières années, selon Good Value for Money, la clientèle privée a ainsi obtenu en moyenne 0,3 à 0,4 point de plus que le grand public sur ses fonds en euros. 2018 n’a pas dérogé à la règle. Concernant les contrats Suravenir distribués dans le réseau Arkea, le rendement a par exemple été de 1,2% pour les contrats de base contre 1,85% pour les contrats de la clientèle privée (Excelcius Vie) accessibles à partir de 100.000 euros.
Inciter le client à investir en UC
Le profil du client n’est toutefois pas le seul critère que regardent les assureurs. Depuis quelques années, le taux des fonds en euros est aussi devenu un moyen de promouvoir la souscription d’unités de compte (UC), via les bonus. Concrètement, il s’agit d’offrir un surplus de rendement à ceux qui misent une partie de leur capital sur les UC, plus risquées.
Axa est l’une des compagnies les plus actives dans ce domaine. Pour 2018, le groupe a annoncé un rendement de base de 1,9% pouvant aller jusqu’à 2,25% pour les clients ayant au minimum 40% d’UC et ayant choisi la gestion pilotée.
Des écarts parfois spectaculaires
En mêlant les deux critères (type de clientèle et mode d’investissement), certains acteurs arrivent désormais à des amplitudes de taux spectaculaires. Exemple avec Swiss Life qui vient de dévoiler ses rendements pour 2018.
Un client standard ayant investi quasi-exclusivement sur les fonds en euros a obtenu 1,5%. Mais ceux qui ont opté pour au moins 20% d’UC ont eu 1,75%, voire 2% (au-dessus de 35% d’UC) ou 2,30% (plus de 55% d’UC). Enfin, sur cette même grille, Swiss Life a offert 0,20 point de majoration à sa clientèle privée. Autrement dit, certains clients ont pu obtenir jusqu’à 2,5% via leurs fonds en euros quand d’autres ont dû se contenter de 1,5%.
Des pratiques contestées
Si les bénéficiaires de bonus peuvent se réjouir de ces pratiques, la multiplication des taux au sein d’une même compagnie ne favorise pas la lisibilité des rendements. Elle fait d’ailleurs l’objet de critiques régulières. Certains estiment que les bonus attribués en fonction du seuil d’unités de compte incitent les clients à prendre des risques auxquels ils ne sont pas nécessairement préparés. Dans une enquête récente, la CLCV a également pointé du doigt le manque de transparence dans la fixation des différents taux déterminés par les compagnies.