Nathalie Cariou, coach en intelligence financière
Baisse régulière du pouvoir d’achat, chômage ou incertitudes professionnelles, incitations à la consommation, le porte-monnaie des Français souffre et ils sont nombreux à se trouver face à des fins de mois difficiles.
Que faire pour sortir d’une situation où votre compte est systématiquement à découvert, où les dettes ou les retards de paiement s’accumulent, où la fin du mois ressemble invariablement à un régime « pâtes ou pommes de terre à tous les repas » ?
Ne faites jamais « comme si »
Il est rare que l’on se vante d’avoir des problèmes financiers …
La très grande majorité des personnes que j’accompagne - et qui sont dans cette situation - vont tout faire pour que « cela ne se sache pas ».
Continuer à sortir au restaurant avec leurs amis alors que les 30 ou 50 euros dépensés rendent leur situation financière encore plus désespérée ; dire oui à leur ado qui réclame 100 euros pour une nouvelle paire de baskets … quand ces 100 euros étaient le fruit d’un immense effort d’économie pour pouvoir, au moins ce mois-ci, payer le loyer dans les temps ; faire comme si (ça n’était pas grave, ça n’allait pas durer, ça n’existait pas) avec sa famille, son propriétaire, ses collègues de travail, son banquier … soi-même !
Première condition pour s’en sortir : arrêter de faire l’autruche, reconnaître que les fins de mois sont difficiles. En informer son entourage.
Il n’y a pas de honte à être en situation financière difficile.
Et il suffit de sortir du silence pour s’apercevoir que cette situation est souvent partagée ou comprise par notre entourage.
Apprenez à dire non
Une fois la situation admise et déclarée, il est beaucoup plus simple de dire non.
Non aux demandes de ses enfants : « Je suis désolé, je n’en ai pas les moyens ». Dire non à celles de ses amis : « Si vous voulez que je sorte avec vous, il va falloir trouver un restaurant moins cher ».
Mais dire également non à la tentation que notre société de consommation sait si bien organiser :
les cadeaux ont été créés pour faire plaisir – pas pour être chers (le temps passé à réaliser soi-même un cadeau remplace très bien le porte-monnaie trop vide !) ; on vit bien, aussi, sans le dernier smartphone à la mode !
Et vous devriez parvenir à vous mettre d’accord sur une autre destination de vacances avec votre nouveau compagnon, qui n’a pas tout à fait la même situation financière que vous, et ne se rend peut être pas compte que vous ne pouvez pas suivre en « contribuant chacun pour la moitié aux dépenses. »
Peur du conflit ? Dites-vous qu’il est inévitable. Et s’il n’a pas lieu avec vos enfants ou votre compagnon, il aura sûrement lieu avec votre banquier ou votre propriétaire !
Faites vos comptes pour vous donner les moyens d’agir
Combien de français « oublient » de faire leurs comptes – ou croient les faire quand ils se contentent de pointer leurs relevés bancaires !
Ce qui n’est pas bien grave lorsque vos finances vont bien, devient problématique quand les fins de mois sont difficiles.
Entendons-nous bien : faire ses comptes, ce n’est ni regarder son solde bancaire, ni pointer les écritures débitées ou non débitées sur votre relevé de compte.
Faire ses comptes suppose de savoir comment vous avez dépensé, où va l’argent, pour quel type de dépenses.
L’objectif : faire en sorte que les rentrées soient supérieures aux sorties (avec la mise en place d’un programme d’économies) et surtout se donner les moyens d’agir en sachant précisément là où vous dépensez trop, là où vous pouvez économiser – ou au contraire où il n’y a rien à faire.
Combien de mes clients sont sortis des difficultés financières par le simple exercice de faire leurs comptes !
Etre à découvert, ce n’est peut-être pas si grave !
Peut-être avez-vous, vous aussi, la hantise du découvert.
Parce qu’on nous a élevés comme ça (« Si tu gères correctement ton argent, tu ne dois pas être à découvert ! » « Tu payes des agios pour rien »), c’est le cas de beaucoup de français !
Pourtant, le découvert bancaire ne vaut pas toujours tout le stress qu’il génère chez les détenteurs de compte en dessous de zéro.
En particulier lorsqu’il ne s’accroit pas d’un mois sur l’autre !
Laissez-dire le banquier … et travaillez inlassablement, en faisant vos comptes, à vous donner les moyens qu’il ne s’aggrave pas ou qu’il se résorbe, petit à petit !
Apprenez à négocier
J’ai commencé cet article en vous suggérant d’arrêter de faire l’autruche : de reconnaître le problème, d’ouvrir vos relevés de compte (les difficultés ne disparaîtront pas avec les enveloppes jetées à la poubelle), d’annoncer à votre entourage vos difficultés financières.
Etape supplémentaire : prenez l’initiative vis-à-vis des organismes auprès de qui vous avez accumulé dettes ou retards de paiement.
Sortez de l’acceptation (« Il n’y a rien à faire » ; « je vais vers l’interdit bancaire ») et rentrez dans l’action : prenez votre téléphone ou déplacez-vous. Rentrez en contact avec chacun de vos créanciers et négociez … les durées, les mensualités, mêmes les taux d’intérêt !
S’il n’en sort pas toujours quelque chose, c’est pourtant souvent le cas !
Les organismes de crédit, les propriétaires, les banques, les impôts ou les organismes sociaux savent tout autant que vous qu’il vaut mieux négocier maintenant que tout perdre plus tard.
S’il est vrai que les difficultés financières forment un cercle vicieux où les problèmes viennent s’additionner les uns aux autres, n’oubliez jamais que l’inverse est aussi vrai :
Lorsque les choses s’améliorent, elles forment un cercle vertueux où les bonnes nouvelles arrivent les unes après les autres :
Une bonne gestion de vos comptes facilitera la négociation avec vos créanciers et amènera une réduction puis une suppression de votre découvert. Cela vous évitera de payer des agios, vous permettra de mettre en place des économies et de sortir définitivement de la spirale des fins de mois difficiles !
