Richesse, bien-être : où en est la France ?

Richesse, bien-être : où en est la France ?
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Matignon vient de dévoiler un baromètre de 10 indicateurs pour évaluer l’état du pays. Résultat, la France dépasse la moyenne européenne sur 6 de ces 10 critères. Détails…

Richesse, bien-être : où en est la France ?
Crédit photo © Reuters

Le PIB n’offre qu’une vue partielle de la santé d’un pays. Il donne en effet une vision globale de la création de richesse ignorant par exemple la notion de bien-être ou la répartition de la richesse créée. Depuis plusieurs années, de nombreuses voix s’élèvent d’ailleurs pour dénoncer l’hégémonie du PIB. Et c’est dans ce courant que s’inscrit aujourd’hui le gouvernement.

L’exécutif vient de dévoiler un rapport regroupant 10 indicateurs censés fournir un panorama plus complet de la richesse de la France par rapport aux autres pays européens. L’Argent & Vous a décidé de passer en revue ces 10 indicateurs, en situant à chaque fois le niveau par rapport à la moyenne européenne.

Taux d’emploi (dans la moyenne)

Force est de constater qu’en matière d’emploi, les résultats français sont mitigés. A 64,3%, le taux d’emploi des 15-64 ans est supérieur à celui de la zone euro (63,9%), mais inférieur à celui de l’Union européenne (64,9%). Même chose en ce qui concerne la répartition hommes-femmes. La proportion de femmes ayant un emploi est de 60,9% en France contre 59,6% dans l’UE. Néanmoins, ce résultat ne suffit à masquer le score moins flatteur chez les hommes (67,7% contre 70,1%).

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Effort de recherche (mieux)

En 2014, la France a consacré 2,3% du PIB à la recherche, dont les deux-tiers à la charge des entreprises. Sur ce plan, le pays est largement au-dessus de la plupart de ses voisins (1,9% en moyenne). La France bat par exemple le Royaume-Uni (1,6%) et l’Italie (1,3%). L’Allemagne reste toutefois loin devant avec 2,9%.

Dette (moins bien)

Si l’endettement des ménages reste contenu en France (55% du PIB), la dette publique représente en revanche le point noir. A 96% fin 2014, elle était bien au-dessus de la moyenne européenne de 87%. Seuls des pays déjà en difficultés (Portugal, Grèce, Italie) font pire avec plus de 130%.

Espérance de vie en bonne santé (mieux)

La France est ici bien placée. A la naissance, un homme français peut espérer vivre 63 ans en bonne santé, soit 1,5 an de plus que ses voisins européens. Pour les femmes (64,4 ans), l’écart avec le reste de l’Europe est même de 3 ans.

Satisfaction dans la vie (moins bien)

Le cliché du Français éternel insatisfait risque bien de perdurer. De fait, les Français apparaissent moins heureux que leurs voisins. Sur une échelle de 1 à 10, ils évaluent en moyenne leur niveau de satisfaction à 7. C’est à peine en dessous de la moyenne continentale (7). Reste que les pays aux scores inférieurs sont essentiellement ceux qui ont été les plus touchés par la crise (Espagne, Italie). En Allemagne et au Royaume-Uni, l’indice est en revanche de 7,3.

Inégalités de revenus (mieux)

Si la question de la répartition des richesses est un débat récurrent en France, les chiffres montrent que la France est plutôt une bonne élève en la matière.  En 2013, les revenus cumulés des 20% de Français les plus riches étaient 4,3 fois supérieurs à ceux des 20% de Français les plus modestes.

Ailleurs en Europe, le rapport moyen est de 5 et grimpe même à 6,3 en Espagne. Le gouvernement note aussi que le multiple a reculé de 0,3 point entre 2012 et 2013 alors qu’il a continué de progresser en Europe.

Pauvreté en conditions de vie (mieux)

Combien de Français ont été en difficultés en 2014 ? D’après le rapport, la proportion est de 12%. Ici, le but n’est pas de mesurer le revenu mais de recenser ceux qui ne peuvent faire face à au moins 3 dépenses parmi une liste de 9, comme l’achat d’une voiture, le financement d’une semaine de vacances par an ou le paiement d’une note de chauffage.

Les Européens ont été beaucoup plus nombreux à se priver en 2014 (19,6%), les Italiens arrivant en tête avec un taux de 24%.

Sorties précoces du système scolaire (mieux)

Une sortie du système scolaire sans diplôme constitue à l’évidence une faiblesse. Ceci étant, l’an passé, seuls 8,5% des 18-24 ans étaient sans diplôme et sans situation de formation. Un score bien meilleur que dans les autres pays de l’Union (11,1%). L’Espagne affichait par exemple un taux de 21,9%.

Empreinte carbone (mieux)

7,5 tonnes de CO2 par habitant contre 9 tonnes en moyenne en Europe : à première vue, la France est bien placée en matière d’empreinte carbone. Mais d’aucuns noteront que cela provient avant tout du fort recours à l’énergie nucléaire.

Artificialisation des sols (moins bien)

L’environnement est une composante du bien-être. Parmi ses critères, le gouvernement a ainsi retenu l’artificialisation des sols, c’est-à-dire la part des sols bâtis ou recouverts. Avec 5,8% de sols construits, la France fait moins bien que l’Europe (4,6%). Notons toutefois qu’ici, la densité de population a une influence directe sur les chiffres. Ainsi, les pays les plus peuplés ont les taux les plus élevés, à l’image des Etats du Bénélux où l’artificialisation dépasse les 10%.

En résumé

Le bilan est plutôt correct avec une note au-dessus de la moyenne pour 6 des 10 critères passés en revue. L’idée du gouvernement est de faire désormais un suivi régulier de ces indicateurs. Mais comme pour tout baromètre, on peut bien entendu s’interroger sur les critères retenus (ont-ils été choisis par ce qu’ils sont pertinents ou parce que dans leur ensemble ils arrangent le gouvernement ?). Les comparaisons sont par ailleurs à regarder avec une certaine prudence, l’Union englobant des pays dont la situation est bien différente de celle de la France. Il serait à ce sujet peut-être plus intéressant de pouvoir situer la France par rapport à la moyenne de l’Europe de l’Ouest.

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