Carburants : pourquoi les prix à la pompe baissent moins vite que ceux du pétrole

Carburants : pourquoi les prix à la pompe baissent moins vite que ceux du pétrole
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Le prix du brut ne compte que pour une part minoritaire dans le coût final du carburant. Outre la marge des pétroliers, le coût s'explique par les taxes dont certaines sont forfaitaires. Explications...

Carburants : pourquoi les prix à la pompe baissent moins vite que ceux du pétrole
Crédit photo © Reuters

En matière de carburants, l'élasticité des prix est limitée. Avec un baril autour de 62 dollars à la mi-décembre décembre, les prix du pétrole avaient chuté de 45% depuis leurs pics de l’été dernier (à plus de 111 dollars). Pourtant, les automobilistes n’en ont pas pleinement profité. D’après le ministère de l’Energie, les prix à la pompe n’ont reculé que de 10,5% pour le gazole et de 11% pour le SP95 sur la période. Pourquoi un tel écart ? Plusieurs facteurs sont ici à analyser.

1. Les effets de change

Le marché du pétrole étant en dollar, les taux de change peuvent influer sur les prix à la pompe. En clair, un euro orienté à la baisse va alourdir le prix payé en France. Depuis l’été dernier l’euro est d’ailleurs passé de 1,36 dollar à 1,246 dollar.

Conséquence, si le prix du baril en dollars a reculé de 45%, le coût d’approvisionnement en euros n’a pour sa part baissé "que" de 39%.

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2. L’effet stocks

Une certaine inertie peut de surcroît intervenir lorsque les pétroliers disposent de stocks acquis précédemment. Les prix de vente tiennent alors compte du coût d’acquisition de la matière première et non des prix de marché.

3. Le coût du raffinage

Pour transformer du brut en carburant, il faut nécessairement le raffiner et le distribuer. Or ces opérations ont un coût qui reste le même quel que soit le prix du brut. On parle ici de coût fixe. Le prix hors taxe du carburant à la pompe intègre donc le coût du pétrole mais aussi le coût du raffinage, le coût de distribution et la marge du pétrolier.

C’est pourquoi les prix HT payés par le consommateur ont baissé moins vite que ceux du brut : -17,5% depuis juillet pour le gazole et -21% pour le SP95. La CLCV vient d'ailleurs d'accuser les pétroliers d'avoir profité de la baisse des prix du brut pour augmenter leur marge

4. La fiscalité

L’automobiliste ne doit enfin pas oublier que le prix HT de son carburant ne constitue qu’une part minoritaire de ce qu’il paie à la pompe. L’essentiel de la facture provient en effet de taxes, notamment la TICPE.

Cette taxe forfaitaire s’élève à 60,7 centimes par litre d’essence et à 42,8 centimes par litre de gazole. Elle est de surcroît soumise (comme le prix HT du carburant) à la TVA et peut même être majorée de 1,35 centime (gazole) et 0,73 centime (essence) si les régions le souhaitent.

Ainsi, un litre de gazole vendu 1,1792 euro TTC supporte 63,75 centimes de taxes. Pour l’essence, les taxes représentent 84,2 centimes sur un prix de vente TTC de 1,3733 euro.

En résumé

Le prix du brut ne représente qu’une composante minime des prix à la pompe. On peut d’ailleurs faire le parallèle avec le poids de la matière première dans un produit manufacturé acheté auprès d’un industriel. Il convient d’y ajouter les coûts de production et de distribution du produit fini.

A la différence des produits industriels, les carburants supporte en revanche une fiscalité particulièrement lourde (et forfaitaire). C’est ce qui explique que les variations de prix du pétrole se répercutent de manière plus mesurée sur les prix à la pompe.

Décomposition du prix des carburants
Ministère de l'Energie
GazoleSP95
MontantPourcentageMontantPourcentage
Prix HT0,5417 €45,9%0,5311 €38,7%
Taxes (dont TVA et TICPE)0,6375 €54,1%0,8422 €61,3%
Prix TTC1,1792 €1,3733 €
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