Le retour de l’encadrement des loyers

Les Français sceptiques sur l'encadrement des loyers

Les Français sceptiques sur l'encadrement des loyers

Seuls 13% des locataires pensent qu'une baisse de leur loyer peut en découler. De leur côté, certains propriétaires y voient une perte de liberté et envisagent même un retrait de leur bien du marché

Les Français sceptiques sur l'encadrement des loyers
Crédit photo © Reuters

Que pensent les Français de l'encadrement des loyers prévu dans le projet de loi Duflot pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) ? L'enquête Ipsos commandée par le réseau d'agences immobilières Orpi montre que les locataires ne sont que 33% à penser que ce dispositif leur offrira concrètement "l'assurance de payer leur logement au juste prix". La mesure ne suscite décidément pas l'enthousiasme : seulement 13% considèrent qu'elle pourra "potentiellement baisser le montant du loyer du type de bien qui les intéresse".

Retrait du marché ?

Les propriétaires français s'avouent plus inquiets face à cette mesure : un sur cinq estime qu'elle constitue une perte de liberté et 11% envisagent même un "retrait de leur bien du marché locatif", selon Ipsos. De quoi conforter le réseau d'agences, qui estime par la voix de son président, Bernard Cadeau, que "le marché s'auto-régule fort bien seul". "Nous alertons sur le fait que le prochain dispositif fondé sur un principe de loyer médian de référence, pourrait bien amener à un abaissement des loyers des plus riches et à une progression les loyers des classes moyennes ou modestes. Est-ce vraiment le but poursuivi par les rédacteurs de la loi ?", s'interroge-t-il.

Pour étayer son argumentaire, Orpi note que, "contrairement aux idées reçues", propriétaires et locataires entretiennent dans l'ensemble des rapports cordiaux. Ainsi, plus de neuf locataires sur dix (92%) évoquent de bonnes relations avec leur propriétaire, et 96% des propriétaires ont le même sentiment. Et quand conflit il y a, c'est surtout à propos de "l'état, l'entretien et les travaux dans le logement", bien loin devant le loyer et son évolution, cités par 7% des locataires et sans surprise par aucun propriétaire.

Source de tension

Cette étude s'est également penchée sur un autre aspect de la loi Duflot, la Garantie universelle des loyers (GUL), perçue d'abord comme "un coût supplémentaire non négligeable" dans le budget logement des Français, à 36% pour les locataires et 33% pour les propriétaires. Pour mémoire, l'objectif de ce dispositif est de garantir aux propriétaires de toujours percevoir leur loyer : gérée par un organisme public, il permettrait au bailleur confronté à une situation d'impayé d'être rapidement indemnisé du montant du loyer par la garantie. Son coût serait supporté par les locataires et les propriétaires à part égale.

Mais les Français semblent assez indifférents au procédé, quand ils n'y décèlent pas une nouvelle source de tension : "Les locataires y voient, pour 12%, un nouveau recours possible en cas de litige avec leurs propriétaires qui redoutent, pour 15% qu'elle ne devienne un nouveau motif invocable par leur locataire pour ne pas payer leur loyer", notent Ipsos et Orpi.

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