«Baisse des taux et loi Sapin 2, l’assurance-vie reste-t-elle un support intéressant ?»

«Baisse des taux et loi Sapin 2, l’assurance-vie reste-t-elle un support intéressant ?»

Antoine Dadvisard, Président du directoire de Matignon Finances.

 «Baisse des taux et loi Sapin 2, l’assurance-vie reste-t-elle un support intéressant ?»
Crédit photo © Matignon Finances

Support préféré des français et gros pourvoyeur de la dette française, l’assurance-vie continue d’être malmenée de toutes parts. Depuis plusieurs années, la baisse des taux affecte sérieusement les rendements des fonds euros, et récemment, le gouvernement a porté un coup de canif supplémentaire avec la loi Sapin 2. Alors parmi tout ce qu’on peut lire, que fait-il penser de l’avenir de l’assurance vie ?

La baisse des rendements des fonds euros est réelle et va se situer aux alentours de 2%-2,5% en 2016. Même si nous sommes loin des 4% ou 5% de la précédente décennie, ce taux reste encore supérieur à l’inflation, supérieur au livret A et à bien des supports obligataires sans risques. Pour mémoire, le taux auquel emprunte l’Etat se situe en moyenne aux alentours de 0,4% sur 10 ans cette année, même s’il a tendance à remonter depuis l’élection de M. Trump. Pour les investisseurs averses au risque, le fonds euros, reste donc encore un support meilleur que le reste en terme purement économique, même s’il coûte cher à l’assureur en fonds propres. Il faudra cependant rester vigilant face à la santé des compagnies car le rendement qu’elles doivent continuer à servir reste supérieur au rendement des placements faits ces dernières années. Les réserves des compagnies sont très élevées mais vont mathématiquement diminuer avec le temps si la situation de taux bas perdure.

Loi Sapin 2

En parallèle, le gouvernement avec la loi Sapin 2, bien qu’amendée par le Sénat, n’a pas fait ce qu’il fallait pour rassurer les épargnants sur ce type de support. On pourrait même se poser la question s’il ne souhaite pas favoriser les gros porteurs au détriment des petits épargnants ? En effet, avec la loi Sapin 2 visant à bloquer ou retarder les rachats des contrats d’assurance vie en cas de crise systémique, le gouvernement envoie un message clair aux épargnants fortunés pour qu’ils placent ailleurs leur argent. Et qui peut se permettre d’ouvrir un contrat au Luxembourg ? Uniquement, selon certaines compagnies, ceux qui peuvent mobiliser 250 000 euros à 500 000 euros au minimum. Les autres épargnants et ceux qui ont besoin de rachats réguliers pour compléter leurs retraites en prélevant sur le fonds euros vont vivre avec ce risque permanent de voir peut-être un jour leurs rachats bloqués.

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Même si le Sénat est venu amender la loi en proposant de limiter à six mois la durée pendant laquelle tout rachat pourrait être « retardé », il reste que les petits épargnants n’ont d’autres choix que d’espérer que cette mesure ne soit jamais mise en application, alors que cela ne portera pas d’effets sur les contrats souscrits au Luxembourg. Ce n’est pas un bon signal qui est envoyé aux petits épargnants…

Avantages fiscaux

Malgré tous ces coups de canif, nous pensons encore que l’assurance vie reste un support à privilégier, car en il lui reste bien des avantages. Sur le plan patrimonial d’abord, c’est encore un moyen très efficace pour gratifier enfants, petits-enfants ou d’autres tiers, dans des conditions fiscales très avantageuses. Rappelons que l’assurance vie, quand les contrats sont souscrits avant 70 ans, est traitée « hors succession ». L’incidence fiscale peut être très importante dans certains cas où, lorsque les conditions sont remplies, tous les bénéficiaires sont exonérés de taxes jusqu’à 152.500 euros, quels que soient leurs liens de parenté avec le défunt.

Abattements d'impôts

Sur le plan économique, il permet au souscripteur de faire fructifier son argent, comme dans un PEA, mais sans les contraintes de lieu et de montant de ce dernier, en exonération d’impôts sur les arbitrages, en choisissant les supports très variés, en y mettant même des SCPI car de nombreuses compagnies le proposent et le tout, avec un abattement d’impôt de 4 600 euros ou 9 200 euros sur les plus-values en cas de rachat, et ce, tous les ans. Ce contrat peut même être utilisé pour emprunter à la compagnie, sous forme d’avance, certaines sommes d’argent, sans avoir à passer par sa banque et ce, avec une grande rapidité.

En conclusion, l’assurance vie n’est pas morte et l’Etat a besoin des épargnants pour que les compagnies continuent de souscrire à la dette. Si les prochains gouvernements comprennent l’intérêt commun des épargnants et de l’Etat, nous pourrons peut-être voir ce mode de détention continuer à être le support préféré des français. L’avenir nous le dira !

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Antoine Dadvisard

Le parcours d'Antoine Dadvisard

Président du directoire, Matignon Finances

Diplômé de l’Université de Paris IX-Dauphine et de l’Institut National des Télécommunications, Antoine Dadvisard, débute sa carrière chez IBM dans les années 1990. Passionné depuis longtemps par les marchés financiers, il donne en 2009 une inflexion à sa carrière en devenant conseiller en gestion de patrimoine indépendant après l’obtention de son DESS de Gestion de patrimoine (Université de Clermont-Ferrand). En 2011, il prend la présidence du directoire de Matignon Finances lors de son rachat avec cinq autres associés.

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