« Attention aux effets des ruptures conventionnelles sur le calcul de la retraite »

« Attention aux effets des ruptures conventionnelles sur le calcul de la retraite »

Philippe Caré, Directeur Stratégie RH & Rémunération chez Siaci Saint-Honoré

« Attention aux effets des ruptures conventionnelles sur le calcul de la retraite »
Crédit photo © Siaci Saint-Honoré

Lorsqu’un salarié de plus de 50 ans perd son emploi, quelles sont les conséquences sur sa retraite ?

Au régime général, il continue à cumuler des trimestres que ce soit durant la période de carence ou d’indemnisation. Et si l’indemnisation prend fin après 55 ans, l’assuré peut bénéficier de 5 ans de trimestres gratuits. Attention toutefois, les trimestres obtenus pendant une période de chômage n’ont pas en théorie le statut de trimestres cotisés et ne peuvent donc pas être pris en compte pour un départ à 60 ans dans le cadre d’une carrière longue. Seuls 4 d’entre eux - par exception - sont considérés comme cotisés pour carrière longue.

Concernant le montant des droits, il faut aussi savoir que les années de chômage ne comptent pas parmi les 25 meilleures années. Si un salarié se retrouve au chômage durant les 3 dernières années qui précèdent sa retraite, il risque alors de perdre 15 à 20 euros de droits par mois.

Et pour les régimes complémentaires ?

Un salarié au chômage continue à cumuler des points Agirc et Arrco et le calcul ne se fait pas en fonction des indemnités de chômage mais sur la base de la dernière année travaillée, dans la limite de 4 PASS. En revanche, s’il reprend un travail moins bien payé, les points seront déterminés selon le nouveau salaire.

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Globalement, les conséquences sur la retraite ne sont donc pas trop lourdes…

Tout dépend de l’âge auquel on se retrouve au chômage et de la génération à laquelle on appartient. Prenons une personne née en 1955 et qui arrivera à la retraite à un peu plus de 64 ans. Si elle perd son emploi à 58 ans et 6 mois, elle aura 6 mois de carence et sera indemnisée à compter de 59 ans. Avec les dispositifs existants, elle pourra « tenir » jusqu’à la retraite et bénéficier du taux plein.

En revanche, la situation risque d’être plus critique pour ceux qui se retrouvent au chômage plus tôt, notamment si on tient compte de l’allongement progressif de l’âge de départ à la retraite et de l’augmentation du nombre de trimestres nécessaires. C’est un élément à prendre en compte dans les ruptures conventionnelles.

Quelles sont alors les solutions pour ceux qui ne pourront pas faire la jonction entre chômage et retraite à taux plein ?

Il y en a deux. En cas de rupture de contrat, le salarié peut demander à son employeur un rachat de trimestres au titre de son indemnisation. Ceci afin d’être certain d’avoir le nombre de trimestres requis au moment de partir à la retraite.

Je plaide aussi pour un recours plus large à la retraite progressive, un dispositif très intéressant accessible à partir de 60 ans. Plutôt que de licencier une personne, il peut être judicieux de mettre deux seniors à mi-temps avec une retraite partielle. Entre leur salaire et leur retraite partielle, ils toucheront environ 80% de leur salaire plein et continueront à cotiser pour la retraite. Bien évidemment, cela nécessite l’aval de l’entreprise, mais dans la durée cette option est préférable à un alourdissement des effectifs de chômeurs.

Et pour les plus jeunes, comment se prémunir contre ce risque de chômage en fin de carrière ?

A 35, 40 ou 45 ans, racheter des trimestres en prévision de la retraite ne me semble pas opportun car la perspective est trop incertaine et en cas de décès, les sommes versées seront perdues.

Il est à mon sens préférable d’épargner en calibrant son effort de manière à ce que le capital constitué à terme puisse offrir le complément mensuel voulu sur une durée de 25 ans. Le PEA est ici un outil à regarder car il permet d’obtenir à la sortie une rente défiscalisée.

Le mariage est une autre précaution pour les couples car je rappelle que seuls les conjoints peuvent bénéficier d’une réversion. Les partenaires de Pacs et les concubins n’y ont pas droit.

Enfin, l’achat de la résidence principale est certainement l’élément le plus important. Il évitera au futur retraité une charge de logement et lui permettra en cas de besoin d’obtenir un prêt hypothécaire garanti par la valeur de son bien immobilier.

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Philippe Caré

Le parcours de Philippe Caré

Directeur Stratégie RH & Rémunération, Siaci Saint-Honoré

Philippe Caré a rejoint Siaci Saint-Honoré en 2011 après 5 ans passés dans un grand cabinet de conseil RH. Il conseille de nombreuses entreprises dans le pilotage de leurs pyramides des âges et dans la gestion de la transition entre emploi et retraite. Ancien DRH lui-même, diplômé de l’IEP Paris et d’une maîtrise en Droit de la Sécurité Sociale, il est également l'auteur d’un ouvrage intitulé « Construire sa retraite quand on est salarié et qu'on a 50 ans », publié en février 2017 chez Eyrolles.

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