La réforme présentée exclut un gel de la revalorisation des pensions. Mais le décalage d’avril à octobre du relèvement des retraites équivaut bien dans les faits à une désindexation vis-à-vis de l’inflation
En matière de finances, le facteur temps a une importance capitale. Le gouvernement ne l’a pas oublié au moment de présenter sa réforme des retraites.
Certes, il n’a pas retenu l’option du gel de la revalorisation des pensions. Exit donc la piste d’une désindexation assumée des retraites. Pour mémoire, la désindexation consiste à ne plus lier la hausse des pensions à l'inflation.
Les retraites de base continueront dès lors à augmenter au gré de l’inflation. Tout est néanmoins dans la nuance. Car dans le même temps, Matignon a indiqué que ces revalorisations interviendront désormais le 1er octobre et non plus le 1er avril. Un détail qui a son importance.
6 mois de manque à gagner
Obtenir une augmentation en avril et obtenir une augmentation en octobre sont en effet deux choses bien différentes. Avec ce décalage, les retraités vont très concrètement perdre 6 mois de revalorisation.
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Imaginons une retraite de 1.000 euros et une inflation de 2%. Avec le système actuel, un retraité verrait sa pension augmenter à 1.020 euros sur la période avril 2014-mars 2015. Dans le nouveau régime, sa pension restera en revanche calée à 1.000 euros jusqu’en septembre 2014 et ne passera à 1.020 euros qu’à partir d’octobre. D’avril 2014 à mars 2015, il percevra donc 12.120 euros, soit un manque à gagner de 120 euros sur ces 12 mois.
Source : L'Argent & Vous | |||
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Système actuel (revalorisation à l'inflation en avril) | Futur système (revalorisation à l'inflation en octobre) | Désindexation partielle (revalorisation en avril à la moitié de l'inflation soit 1%) | |
Revenus d'avril 2014 à mars 2015 | 12.240 euros | 12.120 euros | 12.120 euros |
Hausse par rapport aux 12 mois précédents | +2% | +1% | +1% |
Manque à gagner | -120 euros | -120 euros |
Comme le montrent nos calculs, le nouveau système aboutit à des résultats équivalents à ceux qu’auraient donnés une revalorisation maintenue en avril mais à un taux inférieur de moitié à l’inflation (1% dans notre exemple au lieu de 2%). On peut donc aisément parler de désindexation déguisée. Sur une période d’avril à mars, cette réforme équivaut à une revalorisation à seulement la moitié de l’inflation. Pour la seule année civile 2014 (janvier à décembre), elle aura même un impact équivalent à celui d’une revalorisation limitée au tiers de l’inflation.