Assurance-vie : la remontée des taux est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

Assurance-vie : la remontée des taux est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

Certains discours peuvent apparaître contradictoires. En réalité, c’est surtout le rythme de remontée des taux qui sera déterminant pour l’assurance-vie en euros.

Assurance-vie : la remontée des taux est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
Crédit photo © Reuters

Avec une OAT 10 ans voisine de 1%, la remontée des taux de marchés semble enclenchée. Mais quelle conclusion en tirer pour l’assurance-vie en euros ? D’un côté, des experts disent qu'il s'agit d'une bonne nouvelle, surtout depuis le retour de l’inflation. De l’autre, des voix expliquent qu’une hausse des taux pourrait toutefois mettre en péril l’assurance-vie. En fait, il n’y a ici rien de contradictoire. Tout dépendra en réalité de l’ampleur et de la rapidité de la hausse des taux.

Une remontée progressive : le scénario souhaitable

Le meilleur scénario pour l’assurance-vie serait celui d’une remontée très progressive des taux. Le secteur ne peut en effet fonctionner durablement avec des taux de marchés au plancher. Les rendements des assurés chuteraient jusqu’à devenir in fine nuls voire négatifs du fait des frais de gestion.

Une hausse graduelle des taux permettrait donc aux assureurs de reconstituer progressivement leurs portefeuilles avec des actifs plus rémunérateurs. De surcroît, les épargnants ne seraient pas tentés « d’aller voir ailleurs », l’écart de rendement entre l’assurance-vie et le marché demeurant limité (et pouvant être lissé par les réserves). Les assureurs n’auraient alors pas à redouter des sorties massives à même de déstabiliser le secteur.

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Une remontée brutale : le scénario inquiétant

Une hausse subite des taux constituerait en revanche un risque. Les assureurs seraient en effet exposés à de fortes moins-values sur les titres qu’ils détiennent en portefeuille (le prix des obligations baisse quand les taux montent). Ils pourraient alors être incapables de satisfaire des demandes de rachats d’autant plus nombreuses que l’écart de rendement avec les actifs de marchés inciterait les détenteurs de gros contrats à placer leur argent en dehors de l’assurance-vie.

C’est d’ailleurs pour prévenir ce risque qu’a été adopté dans le cadre de la loi Sapin II un article autorisant le haut comité de stabilité financière à bloquer temporairement les rachats et les arbitrages en cas de turbulences financières.

Où se situerait le point critique ?

Reste à savoir à quel moment les secousses justifierait une intervention. Selon plusieurs experts du secteur, la situation deviendrait inquiétante si les taux égalaient rapidement le rendement moyen des actifs actuellement détenus dans les portefeuilles des assureurs (c’est-à-dire les titres achetés par les assureurs avec l’argent des épargnants). Pour mémoire, ce taux tourne actuellement autour de 3%.

Le niveau de 3% est donc vu comme un point d’inflexion et des taux grimpant aux environ de 4% seraient véritablement critiques aux yeux des spécialistes, qui ajoutent qu’une crise européenne ou une sortie de la zone euro serait susceptible de provoquer un tel choc.

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