Le Sénat vient d'autoriser la prochaine privatisation des deux aéroports. Wiseed a dit par le passé qu'il envisageait de monter une opération de crowdfunding. Mais les montants à mobiliser seront importants
Après l’annonce la cession l'an passé de 49,9% du capital de l’aéroport de Toulouse à un consortium sino-canadien, les regards se tournent désormais vers Lyon et Nice. Les aéroports des deux villes dont l’Etat possède 60% sont en effet les prochains sur la liste d’après le projet de loi Macron et les sénateurs viennent de valider le principe d'une privatisation. Or, les particuliers pourraient bien être à nouveau appelés à se mobiliser.
Un autre défi après l’échec de Toulouse
La plateforme de crowdfunding Wiseed a fait les gros titres en 2014 en proposant aux particuliers de se regrouper pour racheter 10% des titres de l’aéroport de Toulouse et bloquer ainsi la majorité du capital aux côtés des collectivités locales. La tentative n’a pas abouti. Toutefois, le président de Wiseed, Thierry Merquiol, a déjà indiqué à L’Argent & Vous que le même type d’opération pourrait être envisagé à Lyon et à Nice.
Les obstacles devraient toutefois être nombreux. Sur le plan politique, le gouvernement risque d’être réticent à l’idée de faire entrer des particuliers au capital des aéroports car cela pourrait « refroidir » les institutionnels en course et ainsi minorer le montant obtenu par l’Etat.
Des valorisations d’un autre niveau
Sur le strict plan financier, il faut aussi souligner que l’opération serait d’une taille bien plus importante qu’à Toulouse. Le capital de l’aéroport de Midi-Pyrénées a été valorisé à quelque 600 millions d’euros par l’offre sino-canadienne. A Lyon et à Nice, les estimations respectives sont plutôt de 1 milliard et 1,6 milliard d’euros d’après Reuters.
Pour mémoire, à Toulouse, Wiseed a réussi à mobiliser 18 millions d’euros (via 8.000 personnes). Avec pour ambition de racheter 10%, cela s’est révélé bien insuffisant. L’offre de la plateforme a en effet valorisé l’aéroport 3,5 fois moins que celle du consortium.
Pour être cette fois au niveau et espérer mettre la main sur 10% du capital des aéroports de Lyon et de Nice, il faudra donc viser bien plus haut : autour de 100 millions d’euros à Lyon et de 160 millions d’euros à Nice.
Un besoin de mobilisation bien plus large
Au vu de la promesse moyenne reçue pour Toulouse (2.250 euros), cela nécessiterait de mobiliser entre 44.000 et 71.000 personnes selon l’aéroport visé, soit 5,5 à 9 fois plus que pour Toulouse.
Certes, Thierry Merquiol a déjà dit pouvoir compter sur des chefs d’entreprises et des fonds privés (family offices) aux moyens importants. Il n’empêche que si Wiseed (ou une autre plateforme) décide de sauter le pas, il lui faudra passer dans une autre dimension.
